Une belle journée s'annonçait sur New-York et, avec le week-end, la population était de sortie, emplissant les rues d'éclats de voix et de rires. Beauty écoutait l'ambiance d'une oreille distraite, toute occupée à parfaire sa tenue. Pour une fois, lors d'une de ses journées de congé, elle allait sortir. Mais non accompagnée par son mari. Beast avait bien essayé de trouver un moyen de s'incruster, mais la Fable lui avait fait comprendre qu'il n'avait rien à craindre. Elle lui avait même donné l'autorisation d'accompagner Bigby au bar, et de rentrer après minuit.

— Ce sera une journée entre filles, argumenta-t-elle une dernière fois en enfilant son manteau, tout en déposant un baiser sur la joue de son époux. Tu t'ennuierais profondément. Profites-en pour te faire une journée entre hommes. Tant qu'à mon retour l'appartement reste décent, tu es libre.

Sauf de laisser entrer des femmes de petite vertu, mais Beauty lui faisait assez confiance sur ce sujet. Beast n'était pas du genre à convoler ailleurs. Et s'il voyait une prostituée, il était le premier à détourner le regard, complètement gêné. Lançant un dernier regard rassurant à son époux, Beauty referma la porte et dévala les escaliers. En bas, devant la porte, l'attendait Cinderella, surnommée affectueusement Cindy. Beauty lui offrit un sourire rayonnant.

— Prête pour la journée shopping ?

Sûr que si Beast était venu les rejoindre, il se serait profondément ennuyé. Les deux Fables s'élancèrent gaiement dans la rue commerciale de Fabletown. Ici elles pouvaient converser à voix haute, sans crainte qu'un Mundane ne soit intrigué par leur conversation. De loin on aurait presque pu les prendre pour deux lycéennes ravies de partager une journée ensemble.

Beauty avait déjà jeté son dévolu sur une boutique de vêtements. Ceux montrés en vitrine étaient évidemment les pièces les plus chères, et la jeune femme se pâmait presque à la vue du prix.

— Mais avec quoi ils font ces robes pour qu'elles soient si chères ? Des vers de soie magiques ? Bon, après tout, elle ne m'irait pas. Par contre toi Cindy, tu as tout à fait la morphologie pour.

Beauty était même presque jalouse des formes de Cinderella. Elle avait des formes voluptueuses, digne d'une pin-up. Mais la jeune femme se doutait que de tels attributs devaient avoir aussi leur part de défauts. Ne serait-ce que pour trouver un soutien-gorge à sa taille.

Cindy avait enfin terminé de se préparer, ayant rassemblé ses chaussures la veille, elle n'avait guère perdu de temps à les chercher ce matin ! Aujourd'hui, elle ne tiendrait pas sa boutique de chaussures, laissant la charge à son subalterne en qui elle avait parfaitement confiance. Puisque Beauty, son amie Fables, avait un jour de congé – ce qui n'arrivait pas franchement souvent – il fallait en profiter. Et quoi donc de mieux que de faire une séance shopping pour passer du bon temps entre filles ?

Une fois son chignon parfaitement attaché, sans un seul cheveu qui dépassait – c'était limite de la maniaquerie à ce niveau – Cinderella attrapa sa veste, son sac et descendit les étages, se retrouvant bientôt dans la rue et en face des Homelands, où résidaient la plupart des Fables. Beauty la rejoignit très bientôt, apparemment ravie de passer la journée en sa compagnie.

« Et comment ! Allez, c'est parti, fit-elle en lui prenant le bras, les vêtements et les chaussures nous attendent avec impatience ! »

C'est ainsi que sans complexe, elles échangèrent banalités et derniers potins, des sujets de femme quoi. Une chance que Beauty ne soit pas venue avec Beast ; le pauvre se serait ennuyé. Par ailleurs, connaissant le profond attachement de la Bête pour sa femme, cette dernière avait du discuter un certain temps pour qu'il la laisse aller avec son amie.

Elles arrivèrent bientôt dans la rue commerciale et déjà Beauty bavait devant les vitrines. Surtout une, qui à vrai dire, vendait surtout des vêtements de marque. Alors niveau prix, ça douillait pas mal.

« Hey, pourquoi dis-tu ça ? On ne peut jamais savoir sans avoir essayé ! Et puis, ma morphologie comme tu dis pose plus souvent problème que tu ne penses. Je citerais entre autres le mal de dos, mais revenons-en à nos moutons. Viens, tu vas l'essayer ! »

Et attrapant le bras de Beauty, elle l'attira à l'intérieur et appela une vendeuse afin que son amie puisse essayer la jolie robe. Pendant ce temps, Cindy partit à la recherche d'autres vêtements qu'elle embarquerait dans la cabine d'essayage ou qui pourrait plaire à Beauty.

« Alors, ça va ? » Lui dit-elle quand elle fut revenue vers les cabines.

En l'espace de quelques secondes Beauty se retrouva dans une cabine à essayer une robe dont le prix était équivalent à celui de son loyer. Voire plus. Mais elle le valait. La jeune femme se sentait redevenir une princesse rien qu'en l'enfilant. Pire la scène lui rappelait la première fois qu'elle avait pu porter une robe, une vraie, lorsqu'elle avait du vivre chez la Bête en échange de la vie de son père.

La jeune femme se tourna d'un côté, puis de l'autre, admirant sa silhouette. La robe avait un petit quelque chose de provocant qui ne lui déplaisait pas, avec ces ouvertures qui révélaient son dos nu. Beauty eut un sourire en imaginant Beast la voir ainsi. Il serait sûrement partagé entre l'admiration, et l'interdiction de sortir dans une telle tenue.

« Alors, ça va ? »

Percevant la voix de Cinderella, Beauty écarta le rideau pour lui montrer le résultat.

— Personnellement ça me déplaît pas. Ça ne fait pas trop vulgaire, tout de même ?

La jeune femme tourna sur elle-même pour que son amie puisse bien voir. Sûr qu'elle n'aurait pas agi de même si Charmant avait été dans les parages. En présence de cet homme Beauty se sentait mal à l'aise, et surtout demeurait sur ses gardes. Il était comme un prédateur flairant une proie, un grand méchant loup cherchant un chaperon rouge à croquer. De préférence un chaperon rouge au compte bancaire bien rempli.

Beauty stoppa son manège, repoussant d'une main les mèches qui étaient venues se coller à son visage.

— Dis-moi, tu as tenté de vider le stock du magasin, souligna-t-elle en montrant le paquet de vêtements que tenait Cindy.

Quand Beauty ressortit de la cabine vêtue de la très belle robe aperçue dans la vitrine, Cindy arbora un large sourire. Elle lui allait tellement bien ! Elle avait bien eu raison de la forcer à entrer dans la boutique et de la lui faire essayer !

- Mais pas du tout ma chérie ! Elle te va parfaitement bien, et je suis certaine que Beast serait du même avis que moi. Tiens d'ailleurs, tu ne veux pas prendre une photo pour lui montrer ?

Déja Cinderella sortait son appareil photo jetable et prenait un cliché de Beauty, dos tourné vers elle. Elle était certaine que son mari allait apprécier la vue. Au diable les attitudes timorées !! Et puis ça ferait du bien à leur couple ; Cindy n'avait pas oublié l'apparence monstrueuse de Beast lors de la dernière soirée du Souvenir. Croustillant potin s'il en est.

- Ça ? Au non voyons, il y en autant pour moi que pour toi ! Je te préviens, on va passer du temps ici ! Tiens, voilà pour toi, fit-elle en lui mettant dans les bras un nombre de robes, jupes, tops considérable. Et on défile ! Pour une fois que tu as un jour de congé, autant en profiter et s'amuser un max !

Et le défilé commença. L'une et l'autre s'amusaient comme des folles, et même si leurs portes-monnaie ne leur permettraient pas de se payer tous ces jolis vêtements, au moins pouvaient-elles garder le souvenir de les avoir portés quelques instants ! Au bout du compte, tout de même, Cindy avait craqué sur pas mal d'articles.

- Mon banquier va encore gueuler ! Mais je réglerais ça plus tard. Pour le moment, je craque ! Et toi Beauty, qu'ets-ce que tu prends ? Oublie pas les chaussures hein : c'est le plus important !!

Et dire que la journée ne faisait que commencer...

De loin, d’assez loin. Du bout de la rue, à vrai dire, Sneguroshka avait reconnu deux Fables… deux femmes ! De grandes dames blondes répondant au doux nom de Belle et Cendrillon. Des princesses très aimées auprès de petites filles. De vraies petites filles. L’enfant de neige leva le bord de sa capeline et s’approcha, regardant l’enseigne à laquelle elles venaient tout juste d’entrer. Ça sonnait précieux, ça sonnait riche. Sneguroshka traversa la rue et trottina à grande vitesse, zigzagant entre les New Yorkais, faisant virevolter sa robe de lin derrière elle.

Sneguroshka colla son nez dans la vitrine et repéra les deux femmes. Elles essayaient des vêtements qui étaient très jolis. Le verre sur lequel était appuyée l’enfant se couvrit de buée aux premières secondes, puis celle-ci disparue pour laisser place à un léger verglas. Résultat de sa basse température, de son corps de bonhomme de neige. La petite fille aussi les trouvait magnifiques, ces robes ! Hélas, elle était trop petite pour rentrer dedans et, clairement, ce n’était pas une enseigne pour enfants.

Une des vendeuses, soucieuse de la propreté de sa chic vitrine, fit signe à la gamine de s’écarter, de ne pas mettre son nez ainsi que ses petits doigts sur le verre. Sneguroshka mit un moment à la remarquer, concentrée sur les Fables. La mundane lui arracha un large sourire, ses gesticulations l’amusaient. Comprenant qu’elle gênait, l’enfant de neige se recula et utilisa –grave erreur !- ses doigts pour frotter la buée frigorifiée. Elle vit, au travers la vitrine, les épaules de la vendeuse retomber, sa main rejoindre son front dans un élan de désespoir.

Beauty était une très belle femme, tout comme l’était Cindy. C’était indéniable –l’avantage d’être une princesse de conte !-, et les vendeuses de la boutique devaient en être jalouses. Quand une petite fille d’à peine onze ans entra, jolie comme une fleur, désignant l’une des clientes comme étant sa grande sœur, presque aucun doute ne fut soulevé. Sneguroshka vint se planter tout près de Cinderella, regardant les deux princesses avec ses grands yeux clairs comme la glace.

« Elles sont très très belles les robes que vous essayiez ! Est-ce que je peux rester avec vous ? Je suis toute seule... » Plus bas, dans un murmure pouvant être entendu que des Fables, elle ajouta, à l’intention de Cindy : « J’ai dit à la madame que tu étais ma sœur… » Sourire –faussement- coupable.

Mais, hey ! Cendrillon ne venait-elle pas de se retrouver avec le bébé sœur la plus aaadorable du monde ?

Défiler dans des vêtements luxueux n'avait pas de prix. Les acheter en revanche... Beauty compta et re-compta, calcula les prix mais le résultat demeurait le même : trop cher pour elle. Contrairement à Cindy elle allait devoir se restreindre.

— Pour les chaussures je préfère celles de ta boutique.

De un, parce qu'elles les trouvaient absolument ravissantes. De deux, parce que Cindy craquerait peut-être et lui ferait un prix d'ami. En attendant Beauty se retrouvait face à un dilemme. Que choisir entre la jupe sobre mais élégante, et la robe sensuelle et provocante ? L'une d'elles pourrait être portée en toute occasion, même lors de son travail. Avec une moue déçue, la jeune femme finit par reposer la robe. Qui sait, un jour elle aurait peut-être la chance d'en porter une semblable.

Revenant auprès de Cindy pour qu'elles aillent à la caisse, Beauty vit alors un tourbillon blanc foncer sur elles. Une petite demoiselle adorable à croquer. Mais le doux visage ne fit pas pousser à Beauty des « aaawh » attendris. La jeune femme avait un esprit un peu trop terre à terre, et sa première réflexion fut :

— Mais où sont tes parents ? Tu t'es perdue ?

Elle avait encore du mal avec le concept de Fables coincés à jamais dans des corps d'enfants. Même actuellement elle n'arrivait pas à accepter que Pinocchio puisse côtoyer des prostituées comme n'importe quel client adulte. Un regard plus appuyé sur l'enfant raviva en Beauty quelques réminiscences de la soirée du Souvenir.

— Tu n'étais pas à la Soi... (Se rappelant qu'elles se trouvaient auprès d'une Mundane, Beauty se reprit) On s'est déjà vus. Tu étais en compagnie d'un garçon roux. Peter, je crois.

Mieux valait ne pas ajouter le « Pan », cela pourrait attirer l'attention. Si ce n'était pas déjà le cas.

Le moment qu'elles passaient ensemble était vraiment super ; elles s'éclataient littéralement à essayer plein de vêtements très chics et totalement hors de prix pour la plupart... ou presque. Beauty choisit tout de même une très jolie jupe noire tandis que Cindy elle, craquait totalement sur une superbe robe, peut-être un peu courte mais hé, il fallait savoir utiliser ses atouts pour séduire, d'autant plus en mission !

« Hé bien, ne te prive pas et viens faire un tour dans ma boutique ! Je te proposerais des modèles pour aller avec ta jupe ! »

Et tandis qu'elle se dirigeait avec son amie vers la caisse, une vraie petite tornade blanche s'engouffra dans la boutique et vint se planter auprès des deux jeunes femmes. Cinderella haussa les sourcils. La petite Sneguroshka... Quelle joie ! (Vous la sentez l'ironie?)

« Ça alors, petite sœur... tu as encore faussé compagnie à Papa et Maman ! Allez petit monstre, tu peux rester avec nous... ça te va comme ça Beauty ? »

En effet, elles avaient déjà croisé la gamine à la soirée du Souvenir, qui ne s'était pas déroulée il y a très longtemps. Elle avait d'ailleurs un peu mis le foutoir... comme une gosse quoi. Les enfants pouvaient être une sacrée calamité. Cindy était très heureuse de ne pas avoir eu d'enfant avec Charming. Ça aurait été une catastrophe ambulante, à coup sûr.

Une fois qu'elles furent passées à la caisse, les deux femmes et la petite fille sortirent de la boutique. Quand elles furent dehors, Cindy se tourna vers Sneguroshka.

« Je suppose qu'on va avoir l'immeeeeeeense plaisir de t'avoir comme compagnie pour le reste de la journée ? »

Sneguroshka regarda tour à tour les deux femmes blondes. Ses grands yeux innocents et son petit sourire l’accompagnant, elle se tint tout près de Cindy pour donner plus de crédibilité à son manège. Celui qui avait dit que la vérité sortait de la bouche des enfants, visiblement, n’avait jamais au grand jamais rencontré d’enfants fables. Ceux-ci, malins, étaient loin d’être abonnés à l’honnêteté.

« Je ne suis pas perdue, je suis avec ma grande sœur préférée ! »

Son sourire s’élargit, elle hocha affirmativement la tête. Si, si, elle était avec Peter Pan ! Jouant le parfait rôle de l’adorable petite sœur que tout le monde voudrait avoir, Sneguroshka laissait les deux femmes passer à la caisse, attendrissant le regard de la marchande au passage. Étonnamment, elle demeura très sage, ne touchant pas à tout ni ne jouant les gamins curieux qui posaient trop de questions. Elle ne voulait pas que les deux femmes l’abandonnent dans une ruelle !

« Exactement ! Matushka m’a dit d’être sage, alors je serai une vraie lady et ne vous causerai pas de problème ! »

Mais qu’était-ce un problème, pour Sneguroshka ? La fin du monde ? Compromettre sa nature de Fables ? Ne pas faire passer Cindy et Beauty pour des adultes maltraitant les enfants ? Passant ses mains dans son dos, se tenant l’espace d’un instant sur la pointe de ses petits pieds, se dandinant comme la petite fille qu’elle paraissait être. Mais plus que de jouer sur la définition de « Problème », l’enfant de neige ne voulait pas créer de problème à la Reine des Neiges, ou la décevoir. Les mots de sa mère pesaient fort sur ses épaules frêles.

« Sachez que c’est un grand plaisir pour moi de passer du temps avec les plus jolies blondes de Fabletown. »

Bon, d’accord, elle n’avait pas pu s’en empêcher. Mais à l’avenir, elle contiendrait ses remarques indignes d’une petite fille.

« Où allons-nous, maintenant, mesdames ? »

Pouvait-elle vraiment refuser la compagnie de Sneguroskha ? La jeune femme se contenta de hausser les épaules en guise de réponse affirmative. Au moins devait-elle avouer que l'enfant de neige avait le sens de la répartie. Ce qui pouvait être passablement agaçant chez un enfant. Mais Beauty se força à sourire ne voulant pas gâcher cette journée qui s'était annoncée sous de beaux auspices.

Dès qu'elles mirent le nez dehors, Beauty reboutonna son manteau. Il lui semblait que l'air venait soudainement de se rafraîchir.

« Sachez que c’est un grand plaisir pour moi de passer du temps avec les plus jolies blondes de Fabletown. »

Beauty laissa échapper un rire. Cette petite n'avait vraiment pas froid aux yeux !

— Je vois que tu sais user de la flatterie. Pour la peine je t'offrirais une boisson chaude quand on ira se poser dans un café.

L'ancienne noble ignorait tout de Sneguroskha. Elle avait bien entendu parler d'une jeune fille qui avait la réputation de voler les gens fortunés, mais rien de plus. Elle ne voyait en Sneguroskha qu'une enfant un peu collante et capricieuse, telle une petite princesse. Beauty ne haïssait pas les enfants mais ne savait jamais comment se conduire avec. Ce sont des êtres si complexes.

— Nous avions prévu de faire la plupart des boutiques dans la rue. On pourrait se rendre dans une boutique pour enfants. Histoire que tu t’ennuies pas trop... 

Et qu'elle ait un peu d'argent de poche sur elle. Beauty ne faisait pas dans la charité. La jeune femme s'avança auprès d'une devanture emplie de vêtements aux couleurs pastels, bordées de dentelles et de fanfreluches. Une boutique digne d'une fille voulant jouer les princesses.

— Cette boutique serait parfaite, non ? 

Sa grande sœur préférée ? Mon Dieu. Après s'être payée deux demi-sœurs aussi infectes l'une que l'autre, Cinderella était très heureuse de ne pas en avoir de troisième ! Heureusement que tout ça n'était qu'un stratagème... quoiqu'elle s'en serait tout de même bien passée !

Quand elles furent passées en caisse et sorties de la boutique, les deux adultes se tournèrent vers la petite fille. Cindy, elle, avait les bras croisés, un peu méfiante par rapport à la fillette.

« Tu sais, ce n'est pas en parlant comme une petite fille trop sage et en te dandinant de la sorte que tu vas donner le change. C'est vraiment too much. Les compliments aussi. »

Quel lèche-bottisme ! Mais Beauty, elle, y était davantage sensible. Bah ! Tant pis pour elle. Cindy, elle, avait appris à passer outre et à rester lucide et pragmatique en toute circonstance. En outre, elle n'oubliait pas que Sneguroshka était la fille d'une Fable dont la loyauté restait douteur, aux yeux de la jolie blonde... même si elle avait signé l'armistice. Cindy n'aimait pas le froid, en plus.

Mais bon, autant rester aimable avec elle pour le moment. Aussi suivit-elle Beauty et Snee qui se dirigeait vers une boutique de vêtements pour petite fille... légèrement gerbants. Trop de fanfreluches, pas assez de classe ! MÊME PAS DE TALONS HAUTS !

Cinderella était heureuse de ne plus être une enfant.

« Parfaite, en effet. Mais qu'en pense l'intéressée ? »

Sneguroshka continua de faire aller ses grands yeux glacés de Cinderella jusqu’à Beauty. Moins de gaminerie y brillait. Elle les regardait de manière beaucoup plus adulte, suspicieuse, mais silencieuse. Elle se pinça les lèvres, retenant le si spontané « C’est ton maquillage qui est too much. » qui voulait sortir à toute vitesse. Mais hey, il ne fallait pas embêter dès le début ses chaperonnes !

Après avoir suivi Beauty, elles s’arrêtèrent devant une boutique de vêtements pour enfants. Elle leva les sourcils, regardant le contenu de la vitrine. En vérité, il s’agissait du même endroit vers lequel elle avait attiré Bigby Wolf pour acheter sa robe du Bal du Souvenir. Cela lui arracha un sourire alors qu’elle apercevait des robes connues et essayées. Sneguroshka leva son petit doigt et le posa contre la vitre, pointant l’une des tenues de princesse, enjouée.

« Celle-là ressemble à une salade de fruits. »

Puis, la fillette tourna les talons, faisant à nouveau face aux deux Fables d’apparence plus âgées.

« Je ne veux pas aller dans une boutique pour enfant, les vêtements se ressemblent tous. Je veux aller aux mêmes endroits que vous. »

Et voir ce que c’était une vraie journée shopping entre femmes. Sneguroshka baissa les yeux et regarda le sol et, pendant que tout ce décidait, elle fit un pas vers l’arrière, se cachant dans l’ombre du magasin. Là où il faisait plus frais. Attendant que Cindy et Beauty mène la marche, elle suivrait à côté.

C'était bien la première fois que Beauty entendait quelqu'un comparer une robe à une salade de fruits. L'humour de la fille de neige était contagieux. Beauty ne put s'empêcher de surenchérir, désignant à son tour une robe.

« Et celle-ci a l'allure d'un gâteau crémeux. A croire qu'ici ils vendent des robes à grignoter, et non à porter. »

L'idée était alléchante. Si alléchante que l'estomac de Beauty se mit à grogner de façon peu élégante. La Fable eut un petit sursaut, son visage se faisant rouge pour exprimer toute sa gêne. La jeune femme força un rire pour ne pas perdre la face.

« Je pense qu'une pause est nécessaire. On ne peut décemment pas faire les boutiques le ventre vide. J'ai vu un café à quelques pas. »

Le trio de femmes remonta la rue jusqu'à une devanture aux allures vintage. Les odeurs de café et de chocolat se déversaient dans la rue, invitant les passants à prendre place à une des tables. Muffins et cookies se présentaient derrière la vitrine. Un temple du sucré tendait ses bras au trio de femmes. Beauty stoppa devant, avec un grand sourire.

« Je vous propose de nous installer ici. N'est-ce pas charmant ? »

Et pas trop cher au vu de la carte, jugea Beauty après une rapide observation. Le café idéal.

Cinderella soutint le regard de Sneg avec sérénité. Hé oui, derrière cette apparence de gamine, elle possédait un esprit bien plus acéré qu'elle ne le laissait paraître. Mais l'ex-princesse ne s'était pas laissée avoir.

Un peu plus loin donc, Cindy contemplait avec un certain désespoir – dissimulé bien sûr – les robes de petites filles qui ressemblaient à des salades de fruits ou des gâteaux crémeux. Et ça ce n'était que pour reprendre les termes de Sneguroshka et Beauty, parce qu'à son sens, un simple « pouah » suffisait à les décrire. Au moins, Sneg faisait preuve de maturité en disant qu'elle préférait les suivre dans des boutiques de vêtements pour jeunes femmes.

- Hé bien, pourquoi pas après tout ? On devrait trouver d'aussi jolies choses pour toi !

Enfin, cela, ce serait après la pause café proposée par Beauty, dont le ventre commençait à gronder ! Quelques mètres plus loin, elles entrèrent dans un café, où cela sentait bon les gourmandises sucrées.

- Très joli. Je ne connaissais pas cette boutique en plus !

Elles furent bientôt installées à une sympathique petite table, et le serveur leur présenta la carte, que Cindy parcourut très vite.

- Je prendrais un café, pour ma part. Et toi Sneg... je doute que tu prennes un chocolat chaud, n'est-ce pas ?

Elle pouffa de rire, jusqu'à ce qu'elle se tourne vers Beauty... et se rende compte qu'une jolie araignée se promenait dans ses cheveux blonds.

Sneguroshka regarda Beauty avec un grand sourire, contente que l’adulte entre dans son jeu. Puis ses grandes prunelles descendirent vers le ventre de la belle. Un air amusé, toujours. Son petit corps de neige, lui, ne faisait pas de tels sons, il était drôle de les entendre chez les autres ! Elle hocha positivement la tête, suivant docilement les deux femmes jusqu’au café.

L’endroit était joli. Comme tous les petits cafés ! Sneguroshka se cala sur une chaise et prit aussi une carte. Chaud, chaud, chaud, chaud. Une pelleté de liste de boissons trop chaudes pour elle. Une fois, il y a… disons une centaine d’année, elle avait tenté un bon café brulant comme on les aime et… Le résultat ne fut pas des plus beaux à voir. Heureusement pour elle, ça n’avait pas si bon gout.

Penchée sur la table, elle plissa le nez à la remarque de Cendrillon, mimant l’offense. Jusqu’à ce qu’elle suive son regard vers l’adulte et remarque, elle aussi, l’araignée qui se baladait dans les couettes blondes. Sneguroshka ne craignait pas les insectes, mais ne les aimait pas plus qu’eux, l’aimaient elle.

Cependant, elle décida de ne rien dire. Beauty semblait être le genre de femme à hurler au meurtre dès qu’une petite bestiole s’approchait de trop prêt.

« Moi je vais prendre un cappuccino glacé… ! »

Lança-t-elle, bien enjouée ! L’enfant poussa la carte et s’agita un peu sur son siège, comme une véritable gamine. Avec subtilité, elle glissa quelques pièces de monnaie vers Cendrillon, l’équivalent du prix de son breuvage. Quelle sage petite fille, non ? Si jeune et déjà elle vivait par elle-même ! Ah, une chance que les mundanes étaient naïfs…

Et elle, une kleptomane.

Son attention se porta sur un groupe d’adolescentes qui passèrent près d’elles pour s’asseoir à côté. Alors qu’elles discutaient, animée par leur potins de jeunes demoiselles, Sneguroshka, qui ne put s’en empêcher, plongea sa main dans le sac de l’une d’elle et en sortit un bracelet qu’elle fourra dans la poche de sa robe.

Quelques secondes plus tard et la revoilà bien intégrée avec les deux blondes. Ah, tiens, l’araignée se rapprochait dangereusement du visage de Beauty.

Va pour deux cafés, et un cappuccino glacé.

Beauty appela un serveur pour passer la commande, non sans ajouter trois muffins à la liste. Ce n'était pas un café qui allait faire taire sa faim, et la jeune femme ne voulait pas paraître égoïste à ne penser qu'à elle.

Les pattes de l'araignée lui caressèrent tendrement le sourcil, du bout de ses pattes poilues. Beauty se gratta distraitement, du bout de l'ongle, poussant l'arachnide à se retrancher dans ses cheveux.

« Le cappuccino ce n'est pas trop corsé, vu ta corpulence ? » osa demander la blonde à Sne.

Enfin, mieux valait une aficionado de la caféine qu'un coureur de jupons, quémandant du sexe comme un enfant quémandant du sucre, à l'image de Pinocchio.

Le serveur revint avec la commande, déclenchant un sourire ravi de la part de Beauty. Après une rapide distribution des muffins, la blonde se jeta sur le sien, lançant un « Bon appétit » à ses camarades.

L'araignée décida de descendre de son perchoir, se balançant au bout de son fil. Elle atterrit sur le haut du muffin, alors que la Fable ouvrait grand la bouche pour croquer un morceau.

Cinderella haussa légèrement les sourcils au petit manège de Sneguroshka. Ce n'est pas tant le fait qu'elle dépose sur la table l'argent pour son goûter, mais plutôt sa manière de subtiliser des objets dans le sac des Communs. Mais la jolie blonde se tut. Pas besoin de faire un scandale pour ça, surtout que ce n'était que des Communes.

En revanche elle retint une grimace en voyant l'araignée descendre et monter sur le visage de Beauty. Bonté divine... comment lui faire remarquer sans qu'elle ne se mette à hurler de terreur ?
Parce que oui, Beauty et les araignées n'étaient pas franchement amie-amies.

Mais enfin, les cafés arrivèrent, ainsi que les muffins, tout chaud sortis du four, répandant une odeur appétissante, si bien que même le ventre de Cindy se mit à gronder discrètement. Gourmandise quand tu nous tiens !

- Bon appé....

Cindy écarquilla les yeux devant une Beauty bouche grande ouverte... bouche qui allait se refermer sur la pâte tendre du muffin, surmontée d'une araignée !

- ATTENDS BEAUTY.

Distinguant encore le fil auquel était accroché l'araignée, Cindy se leva à demi, passa son index sur le fil et l'enleva, entraînant avec lui l'araignée.

- Il y avait une invitée sur ton gâteau.

Maintenant que l'araignée était suffisamment loin d'elle, elle n'allait pas crier n'est-ce pas ?

Sneguroshka, énergique, fit non de la tête.

« Très peu de produits mundanes ont un impact sur moi. Je n’ai pas besoin de boire ni manger, je le fais par gourmandise. »

Elle se tortilla un peu, prenant plaisir à dévorer confiseries et pâtisseries ! Mais ce qu’elle préférait par-dessus –et qui malheureusement ne la laissait pas de glace- c’était l’alcool. La seule chose au monde qu’elle désirait lui était interdite. Chienne de vie. Elle remercia poliment Beauty et prit son muffin ainsi que sa boisson glacée.

Elle sirota son capuccino, regardant Cindy aller à la rescousse de la pauvre araignée qui allait se faire dévorer. Une grosse bouchée de muffin dans la bouche, elle émit des sons en tendant son bras vers la vendeuse de chaussures, désireuse d’attraper la petite bestiole. Sneguroshka aimait bien les araignées. Les insectes en général. Dans l’éternelle forêt d’hiver de son père, il n’y en avait pas.

Elle enferma l’araignée dans ses petites mains, esquissant un sourire innocent et amusé. Les pattes lui chatouillaient les paumes !

« Je vais l’amener dehors ! »

Elle se leva de son siège et traversa le café pour s’exécuter.

Une sueur froide coulait le long de la nuque de Beauty. La Fable était demeurée bouche grande ouverte, yeux exorbités. A cet instant la blonde ressemblait à un poisson mort. Les mains de la jeune femme finirent par lâcher le muffin qui s'écrasa sur la table. Beauty n'eut aucun regard pour la confiserie estropiée. Elle ne pensait qu'à l'arachnide, et à ses pattes qui l'avaient touché.

« Brrr... Quelle horrible bestiole. »

La jeune femme but sa boisson, d'un trait.

« Je déteste les araignées. Rah, ça m'a coupé l'appétit. »

Elle regarda les reliefs du muffin comme si l'araignée l'avait à jamais souillé. Beauty alla vider le reste de sa commande dans une poubelle, attendant que ses comparses finissent de leur côté. Sne semblait prendre bien du temps à revenir. Prise d'un doute, Beauty se leva.

« Je reviens Cindy. Je vais juste voir où on est notre jeune invitée. »

Le froid la gifla avec force, l'obligeant à refermer promptement son manteau. L'ambiance lui semblait plus glaciale, plus blanche. Beauty cligna des yeux avant de comprendre. De la neige tombait sur la ville ! De gros flocons dansaient, devant ses yeux. La Fable avança de quelques pas, cherchant Sne parmi les badauds qui se promenaient dans la rue.

Beauty ouvrit la bouche pour appeler la jeune fille. Mais elle se rendit compte, à cet instant, qu'elle ne connaissait pas même son nom.

Cindy haussa un sourcil devant la réaction de sa comparse, qui alla proprement et simplement jeté son gâteau à peine effleuré par la petite bête à huit pattes. Mais elle avait peut-être raison après tout : allez savoir si l'insecte n'avait pas déposé ses déjections sur la pâte sucrée et les pépites de chocolat.

Quant à l'araignée, Sneguroshka l'avait affectueusement recueillie dans sa main et l'avait emmenée au dehors afin de lui rendre sa liberté. Brave petite. La blonde, quant à elle, s'était rassise, et terminait son café ainsi que sa friandise, quand Beauty remarqua alors l'absence prolongée de la petite fille. Où avait-elle bien pu passer ?

Le temps que Beauty franchisse le pas de la porte, Cindy avait terminé son en-cas. Aucune d'elles n'avaient donc plus de raisons de rester ici, aussi, enfilant son manteau et ressortant du café, elle constata bientôt que la température avait nettement baissé au dehors.

- Hé bien. Voilà qui n'était pas prévu par Mister Météo. Où est passée Sneguroshka ?

Hé oui, Cindy connaissait tous les noms des Fables. Elle ne pouvait se permettre une ignorance pareille.

Sneguroshka n’en voudrait pas à Beauty de ne pas se souvenir de son nom.  Il était difficile mais surtout, elles s’étaient si peu parlé depuis son arrivée à Fabletown.  Accroupie près d’un arbre planté là pour faire décoration sur le bord de la rue, l’enfant observait la toute petite créature grimper contre l’écorce, se faire à son nouvel environnement.  Et contrairement à l’araignée, elle se réjouit de la baisse de température.  Une vieille dame mundane lui jeta un drôle d’air, parce que le vent était frais et qu’elle ne portait pas de manteau.  

Quand l’enfant de neige tourna la tête pour regarder par-dessus son épaule, elle vit que les deux Fables blondes étaient sorties.  En trottinant, elle les rejoignit, petit sourire aux lèvres.  

« L’araignée est en sécurité maintenant ! » Clama-t-elle avec une certaine fierté.  

Elle regarda ensuite sa robe et sortit de l’une de ses poches une jolie montre bien chic, sans doute prise plutôt à un mundane sans qu’il ne s’en rende compte.  Lorsqu’elle eut constaté l’heure, elle reposa le bien et leva ses grands yeux bleus vers les adultes.  Qu’est-ce qu’elle ne ferait pas pour leur ressembler !  

« Désirez-vous toujours faire les boutiques, mesdames ?  J’en connais une qui serait susceptible de vous plaire, vous avez la silhouette pour porter leurs vêtements. »

Une boutique pour demoiselles avec grand portefeuille, ça oui !  Peut être hors des moyens de Beauty, mais peut être que le vendeur lui laisserait un produit car, comme son nom le disait, elle était fort belle ?  Sneguroshka attendit patiemment le verdict.  

Que l'araignée soit en sécurité ou non, peu lui importait. L'ignoble créature aurait fini écrasée sous une semelle que Beauty ne s'en serait portée que mieux. Mais ce n'était pas là une pensée à formuler à haute voix. Inutile de briser la candeur d'une enfant.

« Ma foi, nous sommes là pour faire les boutiques, alors allons-y. »

Beauty emboita le pas de Sneguroshka. (Rah elle n'arriverait pas à retenir ce prénom !) Comme elle le craignait, la boutique était destiné à une clientèle aisée. Voire carrément richissime. Si Bluebeard avait une femme, il l'enverrait sûrement ici pour se vêtir telle la grande reine qu'elle se devait être.

Beauty entra au sein de la boutique sur la pointe des pieds. Tout n'était que magnificence, et splendeur. L'ancienne princesse avait l'impression d'être une souillon venant d'entrer au sein d'un palais. Les mains de Beauty tremblaient. Son souffle se suspendait. Beauty étouffait.

Ce monde n'était plus le sien. Il lui avait jamais été arraché, depuis que l'Adversaire avait sévi au sein des Royaumes.

« Excusez-moi... »

La Fable sortit dans la rue, inspirant à grandes bouffées l'air glacé. L'oxygène lui brûla la gorge, mais elle n'en avait cure. Ses tremblements se calmaient, elle revenait peu à peu à elle.

« Je suis désolé, je pense que le grand chic n'est plus pour moi. »

Beauty força un sourire, ne voulant pas inquiéter les deux femmes.

« Je pense que je vais rester dans le quartier populaire. Si ça ne vous gêne pas, on pourra continuer ensemble. »

Elle ne voulait en aucun cas forcer ou ruiner cette journée qui s'annonçait pourtant prometteuse.

Citation :

Je voulais avancer une conclusion avec Beauty, mais... je n'y arrive pas. e_e Mais je vous annonce que ceci est le tout dernier post de Beauty. (Avec le nouvel an, bonnes résolutions, et je me vois pas traîner Beauty davantage.) Du coup je vous laisse voir ensemble la suite. Soit conclure de votre côté, ou Sne et Cindy continuent de leur côté !

L'araignée en sécurité... hé bien, si c'était tout ce qu'il fallait pour contenter la petite fille de glace, grand bien lui fasse ! Cinderella acquiesça donc à sa proposition d'aller visiter une autre boutique, qui était autrement plus chic et plus chère que celles qu'elles avaient déjà visité ! Bien sûr, cela rappelait à Cindy les souvenirs d'un passé désormais révolu... ce qui était également le cas de Beauty. Sauf que cette dernière ne sembla pas les supporter. Aussi s'en alla-t-elle, tandis que Sneguroshka et elle-même voulaient rester encore un peu.

- Hé bien, Sneguroshka, que conseillerais-tu ?

Parler chiffons et laisser un peu de place à la petite fille, cela semblait être le mieux à faire de la part de Cinderella. Jouer le rôle de la greluche de service pouvait parfois être éreintant. Elle se mit à examiner les robes proposées par la boutique, car même si elle ne pouvait se permettre de dépenser la somme qu'elles valaient, rien ne l'empêchait d'en essayer une ou deux... accompagnées de belles paires d'escarpins !

- Celle-ci semble très jolie...

Elle sortie des rangs une jolie robe claire, aux reflets dorés et chatoyants, fendue sur le côté et ornée d'une seule mince bretelle. Elle était très légère... contrairement à son prix !

- Avec des sandales elle serait parfaite !

Cinderella ou l'obsession des chaussures.

Sneguroshka connaissait les boutiques de luxe du coin. Non pas seulement car elle avait beaucoup de temps à perdre et qu’elle errait sans cesse, mais également car il s’agissait des boutiques que fréquentait la Reine des Neiges. Elle ne se douta pas que la vue de robes de luxe et d’accessoire haute gamme puissent déranger les deux autres femmes. C’était joli, c’était amusant, non ? Que les deux princesses pensent à leur passé révolu ne lui traversa même pas l’esprit.

« Moi ? J’aime beaucoup celle-là ! » Dit-elle en pointant une robe couverte de pierres du Rhin qui rappelait un peu une texture glacée.

Sneguroshka, sous l’œil attentif des vendeuses –que faisait une petite fille ici ?- erra entre les rayons. Les tenues étaient faites pour des femmes minces comme des piquets et souvent, grande comme des hommes. Certaines robes étaient si peu larges que même la petite fille pourrait les porter. Si seulement elle possédait les courbes pour les remplir !

« Avec des sandales comment ? » Fit la fillette en sortant d’un rayon, un morceau de vêtement sur l’épaule.

Elle s’y connaissait peu en chaussures. Elle portait ce qui lui tombait sous la main. Aujourd’hui, comme il faisait chaud, elle portait des souliers ouverts. Se dandinant dans sa robe, regardant la prise de Cinderella, elle lui montra ce que elle, Sneguroshka, avait trouvé.

« Regarde ! Celle-ci t’irait bien, non ? »

En réalité, la petite fille adorait faire du shopping. Si cela ne tenait qu’à elle, elle ferait essayer tout le magasin à Cendrillon.

- À talons bien sûr ! Des Louboutins, ce serait parfait.

Heureusement que ce n'était là qu'un rôle que jouait Cindy, car elle pouvait très aisément se laisser entraîner dans ce genre de batifolages. Malheureusement son portefeuille ne pouvait se permettre de débourser des sommes aussi énorme pour des vêtements, fussent-ils de la plus haute qualité et marque. Et de toute façon, elle préférait les chaussures. Elle jeta tout de même un œil à la robe que Sneguroshka lui montrait. Elle était jolie, avec de petites manches, un col carré et des plis absolument parfaits.

- Sans doute, quoique...

Elle s'interrompit, regardant sa montre. Il lui restait très exactement 8 minutes et 47 secondes pour quitter la boutique et rejoindre les Homelands où l'attendait un nouveau travail. Comprendre par là, nouvelle mission confiée par Bigby et qui l'enverrait à un nouveau coin du monde.

- Je suis désolée, je vais devoir partir. Va rejoindre Beauty si le cœur t'en dit. On remettra ça à une autre fois.

Adressant un rapide sourire à l'enfant puis aux vendeuses, Cinderella sortit du magasin, son air de bêtasse superficielle envolé. Un peu de sérieux, que diable !