Tokyo, automne 1987.

Ses pas frappaient le sol dans une danse frénétique, affolée, alors que sa silhouette bousculait la foule compacte sans même s'excuser.
Pour une fois, elle maudissait Tokyo d'être une ville si peuplée.

Fuir.
C'était tout ce qui comptait à cet instant.
Fuir ce passé, et cette merde dans laquelle elle avait replongée sans le vouloir.
Les ombres la talonnait, forçant Kumiho à accélérer encore le rythme, perdant une de ses chaussures dans cette course.
Mais peu importe, tout ce qui comptait était d'échapper à cette foutue triade qui semblait encore vouloir l'enchainer à leur temple d'or et de sang.
Des décennies, des siècles étaient même passés, mais l'ombre du kitsune était encore vivace dans leurs esprits, et ses arnaques aussi !
On pouvait dire des autres peuples, mais les asiatiques restaient quand même dans les plus revanchards.

Une apparition de trop, un contact repris et voilà que la renarde avait eu de nouveau ses compatriotes aux fesses.
Si elle avait peur ? Peut-être oui, un peu. Même peut-être plus que lorsqu'elle avait affronté Bigby. Avec eux, pas de négociations... Ils voulaient lui faire payer et trouveraient le moyen d'arriver à leurs fins, quelqu'en soit les moyens.
La précipitation, l'adrénaline mettait à mal le contrôle qu'avait Kumiho de son apparence, et en bifurquant dans une ruelle plus sombre, il ne fallut que quelques secondes pour que ses prunelles redeviennent naturelles.
Dire qu'elle était venue ici pour se ressourcer.... Énervée, la maquerelle était bien décidée à faire cesser cette course-poursuite ridicule, à la manière forte s'il le fallait.

L'obscurité ne lui posait aucun problème, camouflant la semi-transformation qu'elle ne pouvait éviter, trop nerveuse et en colère. Les hommes de mains ne tardèrent pas à la rejoindre, l'acier de leurs armes à feu se reflétant dans la lumière de l'unique lumière. Faiblarde et prête à s'éteindre.

Brusquement, une des ombres s'écrasa contre le mur, râle de douleur étouffé par une des queues de la renarde, qui en faucha un deuxième, l'assommant, l'écrasant littéralement.
Kumiho n'était plus rien d'autre qu'un animal acculé, et donc dangereux.
Elle ne voulait pas les tuer, ou plutôt si - furieusement, mais comment protéger un secret qui s'égrenait de minutes en minutes à mesure d'autres queues menaçaient d'apparaître ?
Il lui faudrait à coup sur trouver une sorcière et en payer le prix fort.

Le souffle court, elle maitrisait encore sa rage et son apparence, consciente que si elle perdait totalement le contrôle d'elle-même, c'en était finit d'elle.
Aussi bien ici qu'à Fabletown.

Et c'est cette retenue idiote qui ne lui permis pas d'éviter la balle qui se ficha dans son épaule, la faisant couiner de douleur, et grogner plus fort.

"- Eh bien, eh bien... T'en as mis du temps pour revenir au bercail Kumiho. Seulement tu vois, le boss est pas franchement content de la manière dont ça s'est terminé la dernière fois... "
Son sourire lui déformait la bouche, mangeant presque ses oreilles, sinistre.

" - Merci de les avoir assommer... ça m'évitera de les tuer pour t'avoir vue... Maintenant, t'arrêtes de faire la gamine, et tu vas me suivre bien gentiment".

Mais tout membre de la mafia qu'il était, le Fable ne réussit à qu'a tirer un grondement plus sourd de la part de la kitsune, prête à en découdre.
Sourde au danger et aux conséquences, elle n'écoutait plus que sa soif de liberté et de vengeance.

Seulement, cela ne finirait pas dans un bain de sang. Pas aujourd'hui.
Car une paire d'yeux azur veillait là-dessus.

Il s'était écoulé un bon mois depuis le retour de Cindy de la mission en Suisse. Un mois durant lequel elle avait pu rester à Fabletown s'occuper de la boutique avec Crispin.
Un mois de repos, en somme. C'était énorme pour elle. L'avantage, c'est qu'elle avait pu rattraper son retard en matière de sommeil.

Mais elle ne put se prélasser davantage. D'ailleurs ce n'était pas vraiment dans son caractère. Un soir, Bigby l'appela d'urgence dans son bureau. Quelque chose tournait au vinaigre au Pays du Soleil Levant, et plus particulièrement dans la communauté des Fables asiatiques.

Alors la blondinette endossa de nouveau son habit d'espionne patriote. Un briefing, un rassemblage de valises et de chaussures, quelques charmes magiques échangés avec Totenkinder contre des faveurs – l'ardoise s'allongeait encore et toujours – et la fille de minuit s'envola pour Tokyo le lendemain matin aux aurores.

Tokyo était dix fois pire que New York en terme de population. Les gens étaient serrés comme des sardines dans des rues larges d'un bonne vingtaine de mètres. Cindy n'était pas franchement fan des bains de foule. L'arrivée à l'hôtel la vit soupirer de soulagement. Malgré le décalage horaire, elle n'alla pas se coucher. Une douche plus tard, elle avait sauté dans une robe chinoise, près du corps et fendue sur les côtés jusqu'en haut des cuisses, ce qui facilitait le mouvement de ses jambes.

On ne savait jamais, s'il fallait en venir aux mains.

Finalement, Cindy finit par se rendre dans le lieu dont elle savait qu'il serait l'un des possibles endroits où se trouverait sa cible. Possibles, car Tokyo regorgeait littéralement d'établissements de jeu et de trafic de drogues en tout genre. Or, la cible de Cindy, Kyôsuke Rei, trempait dans plusieurs affaires louches.

Ce genre de bâtiment a toujours une entrée très clinquante. Tokyo est une ville de lumières. Plus sombres encore sont ses ruelles débordantes de poubelles, de chats errants et de secrets. Et des secrets, justement s'y déroulaient ce soir-même.

Un mouvement avait interpellé le regard de Cinderella, tandis qu'elle quittait le troisième casino d'Ikebukuro. Agacée de ne pas trouver ce qu'elle cherchait, les exclamations qui retentirent dans la ruelle n'avaient pas manqué d'attirer son attention.
La curiosité est un vilain défaut, et Cindy n'avait jamais été parfaite.

Ayant suivi les trois hommes, elle analysa la situation planquée derrière un pilier de briques à moitié délabrée. Si elle ne se trompait pas, la femme aux multiples queues blanches était le Kitsune. Kumiho Fox. Elle la connaissait pour avoir déjà entendu Bigby parler d'elle et de leur combat.
Cindy aurait aimé assister à ça.
Quant à l'homme qui la menaçait – et qui lui avait déjà tiré un coup de feu sur la renarde – il lui semblait qu'il s'agissait finalement de celui qu'elle cherchait depuis trois longues heures. Les choses étaient bien faites. Enfin, presque.

D'une, le Kitsune était blessé. Et en plus, il révélait de plus en plus sa nature. Une chance qu'ils soient dans une ruelle peu fréquentée, mais c'était un problème auquel il faudrait remédier dès qu'elles auraient maîtrisé Rei.

Cindy voulut réfléchir à une manière d'intervenir, mais elle n'avait pas le temps. Déjà le mafieux levait à nouveau son arme sur le Kitsune. Une blessure à l'épaule suffisait déjà ; elle ne pourrait gérer une plaie plus grave. Alors elle improvisa.

- Konbawa, Kyôsuke-san. Je dois dire que je suis extrêmement déçue. N'existe-t-il pas un proverbe asiatique qui dit « ne frappe jamais une femme, même avec une fleur » ?

Ce disant, elle était sortie de l'ombre et s'était avancée vers l'homme, le prenant par surprise en le désarmant avec un coup de pied, puis en l'assommant en le frappant de toutes ses forces d'un coup de poing. Pour faire bonne mesure et s'assurer qu'il ne se relève pas de sitôt, elle termina avec un coup de talon aiguille entre les jambes. Ce n'est qu'après les avoir fouillé tous les trois et subtilisé leurs armes que Cinderella se retourna vers le Kitsune.

- Tu ferais mieux de reprendre une apparence humaine correcte. Tu ne te vois quand même pas traverser Ikebukuro avec une apparence pareille ?

La blonde sortit un portable de s pochette, l'ouvrit et composa rapidement le numéro d'un de ses contacts qui ne se trouvait pas si loin de là, et dans une planque qui plus est. Ce qu'il fallait à Cindy pour mettre le Kitsune à l'abri pour soigner sa blessure et isoler les trois japonais afin de les interroger et de les rendre inoffensifs. Une minute après, le contact de Cindy apparaissait.

- Kinpatsu-san !
- Tu as une voiture ? Transporte ces mecs là jusqu'à ta planque, et assomme-les à nouveau s'ils se réveillent. Ligote-les aussi. Si tu n'as pas de véhicule, voles-en un. Je te retrouve là-bas dès que possible... dès que la renarde aura surmonté sa rage et sa douleur.

Elle y arriverait n'est-ce pas ? Ce n'était pas le genre de femme dotée d'une petite nature !

Les pupilles dilatées, dangereuses flammes vacillantes dans l'obscurité fixaient les ombres des mafieux s'écrouler les uns après les autres dans une danse mortelle.
Qui était-ce ?
Que se passait-il ?
Kumiho n'aurait su le dire, sifflant plus de colère que de douleur. Celle-ci, lancinante, agaçante lui titillait les nerfs de l'épaule, et la vue, l'odeur du liquide pourpre ne faisait qu'accroître la soif de sang vengeur qui pulsait dans ses veines. Animale, elle s'était reculée jusqu'à atteindre le cul de sac de la ruelle, résistant à l'envie de reprendre sa forme originelle et de tout balayer.

Son bras pendant le long de son corps prouvait bien que les Fables n'étaient pas immortels, même sur leur terre d'origine. Il fallait dire que le Kitsune n'était plus qu'une légende, une croyance des anciens dieux. Un protecteur de pierre et de fantômes des temples, délaissés. La puissance de Kumiho doucement déclinait avec les ans, c'est pour cela qu'elle venait se ressourcer en Asie.
Mais il en fallait plus pour abattre un renard à neuf queues.
L'épaule fichue, la balle toujours à l'intérieur, elle grimaçait mais adressait tout de même un sourire acerbe à sa sauveuse. Trop fière pour admettre que le coup de main avait été bienvenu.

"- T'es qui pour me dire ça, blondasse ?"

Oui, certes, ce n'était pas franchement une façon de dire merci, et Kumiho ne comptait pas le faire, méfiante, insultante, et sur ses gardes. Qui sait ce que lui voulait réellement l'inconnue. Amie ou ennemie ?
La renarde ne faisait pas suffisamment confiance pour croire que lui sauver la vie équivalait à de bonnes intentions. Après tout, la blonde était aux trousses de Rei, loin d'être un enfant de cœur. La kitsune était maligne... si elle était capable de tenir tête difficilement face à ce potentiel nouvel adversaire, elle préférait attendre et la mordre dans son dos. Pas très fairplay, mais elle n'avait jamais juré l'être...

Un instant, elle ferma les yeux, une expression fermée sur le visage tandis que les queues apparues disparaissaient progressivement, de même que les oreilles.
Restait un instinct animal présent dans les pupilles or et les griffes avaient dû mal à se rétracter.
Se redressant, elle se fichait du sang sur ses mains et sur ses vêtements déchirés et souriait toujours insolemment à celle qu'elle devinait reconnaître. Une de ces princesses déchues que la renarde avait déjà croisé lors de soirées du Souvenir, si elle se souvenait bien. Son nom s'était perdu, mais peu importe.
Pieds nus, Kumiho enjamba les corps, se dirigeant vers la rue bondée de monde, titubante mais déterminée. De toute façon, il n'y avait pas d'autres moyens de se sortir de l'impasse, sans utiliser sa véritable nature et passer par les toits.

"- Personne n'y verra du feu. Même toi".

Et quand les prunelles fendues croisèrent de nouveau les orbes bleus de la blondinette, ce n'était plus une kitsune mal en point qui se tenait devant elle, mais une simple asiatique à la coupe de cheveux un peu fantaisiste. Comme s'il ne s'était rien passé.
Bien sur, si Cinderella y regardait à deux fois, ou plissait les yeux, elle verrait la supercherie. L'illusion entourant le kitsune, qui se mordait distraitement la lèvre inférieure devant l'ampleur de sa tâche.

Il fallait qu'elle trouve un abri, mais surtout que personne ne remarque son état dans la foule qui se pressait dans la rue. Le numéro de prestidigitateur commençait, épuisant ses forces encore plus. Tous les regards qu'elle croisait, effleurait, étaient sous l'emprise de son illusion, ne croisant que la silhouette d'une jeune femme tout à fait commune, un peu éméchée surement, suivant sa démarche.
Fastidieux tour. Epuisant et après quelques mètres, Kumiho se retourna vers l'étrangère.

"- Elle est loin ta planque ? "

Serrant des dents en silence, la jeune femme devait bien accepter des compromis.
Ne jamais céder... ou pas forcément dans le sens où elle l'entendait...

Il fallait agir avec rapidité. Par chance, deux des trois hommes à la poursuite du Kitsune étaient déjà à terre. Ne restait plus que Kyôsuke à neutraliser, ce qui n'était pas foncièrement difficile. Des années d'apprentissage au combat avaient façonné Cindy, pourtant cette dernière faisait en sorte de ne jamais être trop sûre d'elle. Un seul faux pas, une seule seconde de distraction et tout pouvait partir en fumée.

Ayant contacté un de ses « touristes »  sur place, ce dernier avait vite rappliqué et exécuté les ordres de Cindy. Les trois mafieux bâillonnés et ligotés furent jeté dans la voiture qui s'en alla vers la planque, à quelques rues du centre d'Ikebukuro.
Le problème qui restait à présent, c'était le Kitsune.

Cinderella ne s'en était pas encore rendue compte, mais quand elle se tourna de nouveau vers elle, elle eut un vague souvenir, la sensation de l'avoir déjà aperçue à New York. Peut-être à un bal du Souvenir. Quoiqu'il en soit, il était impératif qu'elle reprenne une apparence humaine décente, sans quoi elle risquait de violer la première loi des Fables et d'en subir les conséquences.

- Une qui est en bien meilleur état que toi, déjà. Allez, grouille-toi !

Le temps pour le Kitsune de reprendre forme humaine, elles purent se lancer dans la foule, traversant les larges avenues. Cindy restait alerte, car bien qu'elle ait accessoirement sauvé la peau du renard en arrêtant Kyôsuke, rien ne lui disait qu'elles étaient alliées. Au contraire. La blonde gardait l’œil sur elle ; elle devinait les efforts qu'elle devait mettre en œuvre pour conserver son Glamour ainsi que son calme. Cindy sourit de provocation devant la demande de l'asiatique.

- À quelques rues d'ici. On en a encore pour un moment. Tu ne vas pas lâcher si tôt, pas vrai ?

Quand elles arrivèrent – enfin ! pensa Cindy – Rei et les autres étaient solidement ligotés dans une pièce attenante. Elle planta là le Kitsune, demandant simplement à son contact de garder un œil sur elle, lui filant discrètement un des flingues subtilisés aux trois mafieux, et de l'empêcher de s'en aller, coûte que coûte. Après quoi, Cindy se lança pour aller tirer les vers du nez de Kyôsuke.

Un peu plus tard, l'ex-princesse revint dans la pièce où se tenait la renarde, et s'assit en face d'elle, croisant les jambes, ses yeux bleus vrillés sur ceux du Kitsune.

- À nous deux, maintenant. Si tu m'en disais un peu plus sur la raison de cette confrontation, hm ?

La seule réponse de la renarde fut un regard incendiaire.
La blondinette méritait une paire de baffes.
Kumiho n’arrêtait pas de se répéter cette phrase en  la suivant. En apparence, elle avait une vague sourire aux lèvres, un peu perdu mais sous l’illusion, elle grimaçait en se promettant de lui faire fermer son caquet au plus vite. Sa « sauveuse » se permettait de fanfaronner et de la bousculer, mais elle ne perdait rien pour attendre.

Peuh… La kitsune aurait fait de la chair à pâté des mafieux si elle n’était pas intervenue… Même si une petite voix au fond d’elle lui soufflait qu’elle aurait pu se condamner en faisant cela. Le souffle encore un peu court, Kumiho tentait d’oublier la douleur lancinante de son épaule en insultant copieusement le monde entier dans sa tête, jusqu’à arriver à la planque de Blondie.
L’échange de flingues importait peu l’asiatique, qui s’assit en poussant un soupir dans un des ridicules fauteuils de la pièce. Les yeux fermés, elle décida de maintenir  l’illusion donnée à Cindy et ses acolytes. Elle était déjà en mauvaise posture, inutile d’en révéler davantage…
Sans le regarder, elle apostropha son geôlier du moment, le faisant sursauter.
«  - Je vais pas vous bouffer, on se calme… je veux juste du désinfectant et des compresses, une pince et des bandages si vous en avez. »

La maquerelle était solide, mais était-ce trop demander de l’aider à ne pas avoir l’épaule en charpie ? Apparemment oui, puisqu’il hésita quelques secondes avant de farfouiller dans un placard, mais finit par en sortir une trousse de secours, que Kumiho lui arracha des mains sans ménagements. C'était déjà ça.

Une bande entre les dents, elle plissa les yeux mais aucun son ne sortit de sa bouche en désinfectant – ou plutôt se vidant une partie de la bouteille sur l’épaule, avant d’y plonger un doigt à la recherche de la balle. Elle grimaça. Seul relent de sa douleur : l’illusion qui vacillait, révélant sa véritable apparence et provoquant un sourcil froncé de la part du partenaire de la blondinette, disparue.
Froncement qui ne trouva qu’un écho courroucé en face de lui.

« - Ca vous arracherait les yeux de venir m’aider … ? »

La diplomatie dont était habituellement capable Kumiho s’était envolée, et elle ne revint pas avec l’arrivée de Cinderella. Oui, la renarde l’avait reconnue, l’ex-princesse ne passait pas inaperçue, pour qui savait amasser les informations en tout cas. Un instant, elle plongea son regard fendu et mordoré dans les prunelles océan de la jeune femme, laissant filtrer un petit rire. Si la jeune femme comptait l’intimider, il allait falloir faire beaucoup mieux que ça…

«-  Une banale affaire d’égo éraflé. Mais dis-moi plutôt ce que fait une ex-princesse des Royaumes à Tokyo, … avec un flingue et toute la panoplie de la parfaite fouineuse ? »

Pas de chance pour Cindy, Kumiho ne comptait la laisser mener son petit interrogatoire tranquillement, tout aussi têtue que la blonde. Et aussi curieuse. Qu’est-ce qu’elle faisait à tourner autour du milieu mafieux ?

Ah, la fierté...
Celle du Kitsune était bien trop importante et surtout mal placée.
Son regard de tueuse ne récolta qu'un sourire désabusé de la part de Cinderella. Pauvre choupette va.

Sans tenir davantage compte de l'état du Kitsune et de son attitude, la blonde alla interroger les mafieux. Ce n'est qu'après un long moment et avoir obtenu ce qu'elle voulait qu'elle en revint à Kumiho afin de la questionner à son tour. Elle remarqua tout de suite le bandage que s'était fait la renarde et se dit qu'au moins, c'était toujours ça de fait. Elle avait eu raison de ne pas s'inquiéter et ne l'aurait de toute façon pas fait. C'était une Fable solide, que diable, pas une misérable humaine.

Son attention rivée sur la renarde qui essayait de conserver son apparence à priori inoffensive et commune, elle l'enjoignit à lui raconter ce qui s'était passé. C'était sans compter sur le Kitsune qui n'avait pas l'intention de se livrer si facilement. Ce qui était forcément prévisible. Cindy pencha doucement la tête, sourire fin aux lèvres.

- Tu l'as dit toi-même, je fais ma fouineuse. Et quelque chose me dit que je suis arrivée au bon moment. Fit-elle en désignant du menton la blessure de l'asiatique.

Bien sûr que non, elle n'allait pas révéler la raison qui l'avait amenée à Tokyo. Qui sait, peut-être que Kumiho Fox la maquerelle trempait précisément dans l'affaire qui l'avait conduite ici. Cinderella n'était pas folle. En attendant de le savoir, elle ne révélerait rien.

- L'égo est décidément démesuré chez vous. Mais en l'occurrence, on s'en tape. Parle-moi de Kyôsuke et des affaires qui te lient à lui.

Le ton était sérieux et sans détour. Le sourire de l'« ex-princesse » s'affadit et ses traits se firent plus dur. Il n'était plus temps de jouer.