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C'est une Autopsie pour... Attendez, qu'est-ce que je dis ?
Snow White
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Snow White
- Vous n'êtes qu'un gros imbécile, Mrs Wolf !

Voilà qu'encore une fois l'adjointe maire avait eu une dispute avec le shérif. Sa semaine lui avait coûté son humeur ainsi que son énergie, spécialement son énergie. Cette scène avait été la goutte qui fit déborder le vase, c'est de mauvaise, très mauvaise humeur qu'elle quitta son bureau et abandonna son comparse de travail.

C'est avec l'élégance et la prestance d'un zombie que Snow White quitta les Woodlands. Lorsqu'elle voulu claquer la porte principale, la charnière automatique à ressort - qu'elle oublia évidemment - freina son impulsivité et c'est dans un rebond qu'elle se frappa le front contre la porte de vitre.

- Ouh ! Bonté divine.

Heureusement, Grimble dormait toujours à poings fermés, il n'avait donc pas vu ce qu'il s'était passé. La pauvre femme s'éloigna du bâtiment avec honte, main sur le crâne devenu vite douloureux. À ce stade, Mlle White avait besoin d'une remède et vite si elle ne voulait pas commettre un meurtre. C'était presque le niveau des nains.

Tout d'abord, elle visita Edward pour s'offrir une boîte de chocolats aromatisés aléatoirement. Un délice, ses chocolats préférés. Ensuite, elle avait besoin de Monsieur de Lattre, son psychiatre. Psychologue de tout Fabletown, mais aussi d'une minorité mundane, De Tassigny est un professionnel, il est fait pour ce métier, outre ses passages antérieurs dans l'histoire des Royaumes, ça, c'est du passé, pas vrai ? Cet homme faisait du bien à l'adjointe, il ne faisait pas grand chose, voir rien, mais ça lui faisait du bien.

Elle restait néanmoins méfiante envers cet individu bienfaisant comme malfaisant. La créature enfouie dans monsieur de Lattre était crainte, pas autant que le grand méchant loup, mais elle était crainte. Snow n'avait pas peur de lui, mais elle préférerait ne pas avoir à faire à un cannibale, surtout en présence de mundanes.

- Je viens ici pour rencontrer Monsieur de Lattre, est-il disponible ?

- Bien sûr, madame.

La petite secrétaire en face d'elle était elle aussi une Fable, elle s'assurait qu'aucun mundane ne puisse tomber sur des dossiers ou archives Fables et s'assurait que chaque client mundane n'en sache pas sur leur communauté secrète. Après quelques minutes d'attente, Snow White leva son sac et fit quelques pas sonores jusqu'à la petite pièce qu'était le bureau de son psychiatre, apparemment à l'extérieur puisqu'il n'y avait personne.

- Monsieur de Lattre ?

Elle se pencha un tantinet vers l'avant pour voir à l'encombre de la porte, s'avançant de quelques pas pour venir s'installer sur un siège et déposer son sac sur le deuxième, patientant.
Sam 16 Aoû - 6:54
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Le couteau glisse, file délicatement à travers la viande. Il ne tranche pas ; Trancher est un acte brutal, sauvage. Il coupe, avec le son délicat des tissus qui se délient, à la manière d'un linceul que l'on découd. La cuisine est un art qui ne s'improvise pas. Le torchon glisse, lui aussi, entre les mains, essuie le sang.

-Comment ça, "elle est là" ? ... Très bien, j'arrive.

Clang. Le téléphone s'abat sur le socle. Le morceau de viande attend là le poivre, les épices, les herbes, en lieu et place de ses derniers sacrements. Lucien soupire, la soulève avec le plat de la lame du couteau, doucement, et la pose dans une assiette. Le carpaccio devra attendre. Il était tard ; Ce n'était pas la nuit, pas encore, mais le soir.

C'était bien évidemment en dehors de ses horaires de consultation habituelles. Mais pour les Fables, parfois, il faisait des exceptions. Et pour les plus importants, il pouvait même se déplacer à domicile. En revanche, c'était étrange que Mademoiselle White ait préféré l'hôpital des Chevaliers de Malte pour le consulter. En fait, la plupart du temps, il recevait ses patients dans son cabinet privatif, au premier étage de chez lui. Ayant conservé une petite partie de la trésorerie propre à la famille noble des de Lattre, il avait acheté une petite demeure, construite en hauteur, en dehors de Fabletown, afin de pouvoir recevoir une clientèle plus normale -et surtout plus riche, puisqu'il se gardait de faire payer les Fables.

Il avait déjà sa chemise blanche, et se contenta d'enlever le tablier légèrement souillé. Se rendant rapidement dans sa chambre, il y choisit un gilet, une cravate, et une veste, comme à son habitude. Un gramophone jouait un air de Beethoven depuis quelques minutes. Si le trajet n'était pas long, et qu'il aurait pu le faire à pied, il préféra appeler un chauffeur afin de ne pas faire attendre l'Adjointe.

Même si c'était étrange, il n'aimait pas les hôpitaux, et l'ambiance qui s'en dégageait en général. Probablement dû à ses souvenirs des hôpitaux (ou ce qui s'en donnait le nom) des Royaumes. La médecine des mundanes était de qualité, mais l'ambiance était toujours la même, voire pire. Les gens déambulaient dans les couloirs, et les médecins ne décrochaient pas le regard de leurs papiers. Heureusement, ils avaient tous la sage idée de ne pas toucher Lucien dans leurs trajets. Se rendant rapidement à l'aile réservée aux Fables, il passa devant sa secrétaire qui lui indiqua qu'il était déjà attendu depuis un moment, maintenant.

-Miss White, toutes mes excuses pour cette attente. Je pensais que vous préféreriez me consulter directement à mon cabinet, surtout à cette heure si tardive.


Réminiscences de ses années prédatrices, le Docteur De Lattre passa derrière Mademoiselle White en arrivant ; Bien que ce fut à la fois à cause de ses pulsions inconscientes, parce que le fauteuil où elle était assise était dos à la porte d'entrée, et parce qu'ainsi, il put de manière gracile la débarrasser du fardeau de son manteau de soie bleue.

Comme un courant d'air, il se mu à travers la pièce, posant rapidement le vêtement à l'entrée, repassant derrière l'Adjointe et s'asseyant lui-même sur le fauteuil en face d'elle, croisant les jambes, redressant le buste, avec son air grave, aristocratique.

-Mais cela ne me dérange pas. Je suis à votre disposition ; vos horaires sont les miennes.

Il n'avait pas besoin de prendre de note ; sa mémoire était excellente, et il savait tout ce qu'il avait besoin de savoir. C'est à dire presque tout.

-Vous avez mon attention pleine et entière, Mademoiselle Snow. Je tâcherai de vous aider du mieux que je le peux.

Lucien avait son ton bien à lui, presque paternaliste, et sa voix suave lui donnait presque un air rassurant, quand on ignorait son passé. Il choisissait toujours ses mots avec soin, et s'il avait eu quelques vingt ans de moins, on l'aurait dit beau-parleur, mais l'usage qu'il faisait des mots, en général, apaisait les esprits, et on lui passait alors toute l'emprise qu'il leur faisait avoir.
Sam 16 Aoû - 8:10
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Snow White
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Snow White
L'adjointe maire terminait ses chocolats lorsque le psychiatre entrait, tel un coup de vent dans la pièce. Jetant sa boîte, en se redressant contre le fauteuil, son manteau avait disparu. Elle leva les yeux vers l'homme qui se glissait dans les pièces comme un spectre dans une maison hantée.

- Oh, soyez à l'aise.

Snow regardait monsieur de Lattre avec des yeux ronds lorsqu'il fit mention de l'heure tardive et du lieu de rendez-vous. Elle croisa les jambes et posa ses coudes sur ses genoux, plantant son menton sur ses deux paumes réunies.

- J'y ai pensé, mais chaque fois j'ai l'impression de commettre quelque chose de déplacé en arrivant chez vous pour une discussion. Vous êtes un homme et moi une femme, vous savez comment les rumeurs sont faciles à Fabletown. Ces imbéciles n'arrivent pas à se servir de leur tête.

La jeune brune l'avait craché comme s'il s'agissait de poison, affichant sur ses traits un air de dégoût. Comment les gens arrivaient-ils à être aussi vulgaires envers d'autres personnes ?

- Je suis désolée de vous avoir dérangé, Lucien.

Snow se redressa contre le dossier, époussetant au passage sa jupe pour du même coup la replacer. Cachant sa haine pour le shérif le temps de s'installer.

- Bien, alors commençons. Ses traits changèrent pour une mine exaspérée, replaçant une mèche ébène derrière son oreille, avant de se secouer. C'est encore au sujet du shérif, vous savez... Cet homme n'arrive tout bonnement pas à réfléchir en dehors de ses enquêtes, il... Il ne fait aucun effort. Aucun. Elle soupira, l'air de vouloir souffler tout le stress possible. Dès que je refuse l'une de ses propositions idiotes et navrantes, il doit agir en bébé et me bouder, vous y croyez vous ?! Il... Il... Cet homme n'a pas la moindre idée du stress que je vis chaque jour, il ne sait pas ce que c'est que d'être Adjoint Maire. Lui il ne pense qu'à sa queue... Il... Il tente de m'amadouer pour... Vous savez quoi ! Il me dit sans cesse que je devrais prendre du repos, qu'il aimerait m'emmener loin du boulot, mais je ne suis pas sotte, je sais qu'il veut me détendre pour assouvir ses pulsions par la suite ! Les hommes sont si indécents, sans offense, Monsieur de Tassigny.

Elle se leva pour dégourdir ses jambes, contournant le bureau pour aller toucher aux outils du psychiatre, scrutant les papiers d'un œil peu curieux, avant de s'appuyer contre un comptoir de la pièce.

- Ce que je veux dire c'est que... Tout le monde sait que je ne veux plus de ces relations. J'ai trop... J'ai trop souffert je... Je ne recommencerai plus et de toutes façons je n'ai pas de temps pour ces sottises. Qui tomberait amoureux d'une... D'un pain de glace dans mon genre ? La seule raison de m'apprécier serait de mettre la main sur mon cul, vous ne croyez pas ? Ou... Ou de mes...

Elle leva les mains à hauteur de sa poitrine, les désignant avant de secouer la tête et de soupirer.

- Je ne suis pas la pire des femmes, ce n'est pas ce que je dit, mais je ne suis tout bonnement pas faite pour les relations amoureuses, je n'en suis pas malheureuse pour autant.

Bon, il y avait tout de même des moments où elle se sentait seule... Très seule.

- N'empêche que oui, je suis humaine... Ou je m'y approche et oui... Parfois j'ai besoin de... D'affection. Mais... Ce ne sont que des phases, je suis très bien seule ! Je n'ai pas besoin d'un compagnon pour être heureuse, je vis très bien ma vie actuelle.

Elle fit un pas sur la gauche, se glissant contre le comptoir jusqu'à heurter du doigt une déformation du comptoir qui lui coupa l'index.

- Aïe !
 
Retirant sa main, elle jeta un coup d’œil à la petite coupure sur son doigt. Cherchant des yeux un mouchoir.

- C'est juste une... Coupure, rien de grave. J'aurais besoin d'un mouchoir, en avez-vous ?
Dim 17 Aoû - 7:45
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Une goutte de sang. Une si petite goutte de sang. Il serait faux de dire que celui de Lucien ne fait qu'un tour ; c'est faux, son rythme cardiaque augmente, il l'entend, bruit sourd, qui s'amplifie, résonne dans ses oreilles, son sang ne fait pas qu'un tour, il en fait des dizaines.

Le visage de la paysanne s'écrase contre la roche, la Bête lui saisit le cou, déchire les tissus, écrase les cervicales, griffe son dos, happe les cordes vocales, les déchire. Un torrent de sang.

Lucien sourit poliment avant de reprendre son air neutre habituel, quand elle s'excuse pour le dérangement. Quand elle se blesse, il se lève, doucement, sort la pochette de sa veste -que l'on appelait aussi mouchoir, mais il trouvait cela tellement rabaissant-, pour venir le lui tendre, en se concentrant sur ses yeux, davantage que sur sa plaie.

Le Shérif ne venait pas souvent, ce qui était compréhensible vu son caractère. Ce genre de personnes voulait régler leurs problèmes seul, et la consultation d'un psychiatre était vu comme un signe de faiblesse. A titre psychologique, c'était plutôt l'inverse ; admettre qu'on avait des problèmes et en parler à un spécialiste était plus une preuve de courage que l'inverse. Car ce que Lucien était, n'est-ce pas ? Un spécialiste pour résoudre des problèmes.

Les crocs se plantent dans sa chair. Il secoue, brutalement. Le sang gicle sur son museau, arrive dans sa gueule. Il se lèche les babines, lèche les plaies, mord quand il n'y a plus assez de sang à son goût.

Ce qui était triste, en revanche, c'est que même si Bigby était venu en consultation plus souvent, le Docteur de Lattre n'aurait pas pu se servir des observations pour aider l'Adjointe, puisque cela relevait du secret médical.

Il fallait que Lucien fasse ses propres observations.

Reprenons depuis le début.

Lucien croises les jambes, au niveau du genou, c'est un signe de courtoisie, de bonne éducation. Il sait ce qu'il fait. Ses mains sont croisées au niveau de son ventre, coudes posées sur les accoudoirs, signe d'un bon contrôle de soi-même. Le menton relevé, le regard franc, c'est une figure d'autorité.

Quand il entre dans la pièce, elle redresse le buste. C'est une dissimulation typique d'un problème de confiance en soi ; mais c'est également une autre figure de représentation de l'autorité, car être affaissé ne traduit pas seulement la tristesse, mais aussi le désintérêt pour soi-même et pour l'autre de manière générale.

Que ce soit conscient ou non, qu'elle croise les jambes devant elle, c'est qu'elle est à l'aise, ou veut paraître l'être, dépendant du niveau de conscience du geste. C'est une bonne chose pour Lucien, qui ne peut travailler au mieux de ses compétences que si le patient est à l'aise en face de lui. Il ne faut pas être expert pour comprendre que reposer ainsi son menton sur ses paumes est signe de réflexion : Plus profondément, cela dit, c'est un signe de conflit intérieur, et de dilemme personnel.

Le reste se passait d'explication, -l'on disait par ici self-explanatory. Toujours dans l'ordre, elle n'avait pas à se sentir gêner de vernir directement à son bureau, puisque c'était ce que beaucoup de Fables faisaient quand les horaires étaient inhabituelles. Enfin, beaucoup, non, mais disons les plus importants (ou perturbés, d'ailleurs), bien qu'il ait pu comprendre la raison qui empêchait Snow de le faire. Cela, il ne le dit pas : A la fois parce qu'il ne voulait pas la couper et parce qu'elle n'avait visiblement pas besoin d'entendre qu'elle pouvait faire comme les autres. C'était rarement une bonne idée que de dire cela à un patient.

Il aurait pu également lui dire qu'elle ne le dérangeait pas, mais un patient n'était pas non plus stupide, et être démagogue est une aussi mauvaise idée que la précédente : Un simple sourire comme il l'avait fait était suffisant, puisque de plus, elle savait que Lucien n'était pas des plus expressifs, ce qui donnait à son sourire une valeur ajoutée.

Et sans surprise, cette séance serait dédiée à Monsieur Wolf. Une de plus. De manière très cynique, et s'il n'avait pas été aussi désireux de remplir ses devoirs, il les aurait tous les deux dirigés vers un thérapeute de couple, mais il n'y en avait pas parmi les Fables, et un mundane n'aurait pas pu comprendre.

Le travail de Lucien ne consistait pas dans le fait de parler de Monsieur Wolf à Miss White, même s'il était le problème actuel ; son travail, c'était de parler de Miss White à Miss White, en statuant que le vrai problème était là, avec cependant plus de courtoisie.

La première partie de son auditoire ne servirait donc qu'à introduire le vrai problème, et Lucien l'avait écouté uniquement pour mieux la comprendre.

- [...]  J'ai trop... J'ai trop souffert je... Je ne recommencerai plus et de toutes façons je n'ai pas de temps pour ces sottises. Qui tomberait amoureux d'une... D'un pain de glace dans mon genre ? La seule raison de m'apprécier serait de mettre la main sur mon cul, vous ne croyez pas ? Ou... Ou de mes...

Là, était le véritable problème, et ce qu'il devait aborder en priorité. Bien sûr, il ne faisait partie de cette vieille race de psychiatre qui ferait d'elle le centre de tous les problèmes de cette planète ; il aborderait également le cas Bigby, mais pas pour lui donner des réponses, mais uniquement des pistes.

Il lui tendit donc sa pochette pour qu'elle puisse essuyer cette petite plaie bénigne, et resta à proximité, debout devant elle. Lucien n'était pas un psychiatre comme les autres. Cette proximité était d'habitude déconseillée, parce qu'elle était lourde de sens, de beaucoup de sens. Séduction, intimidation, excès de confiance en soi, rapprochement... C'était normalement quelque chose de beaucoup trop lourd pour être toléré ; mais c'était sa méthode, il déstabilisait ses patients pour les pousser à se livrer à lui.

Pour autant, rien dans ce qu'il disait, ou dans ses autres gestes ne trahissait cette méthode, il n'avançait pas ses mains vers elle, ne penchait pas la tête (il restait toujours très droit, les mains croisées dans le dos), ni rien d'autre qui aurait pu accréditer la thèse de Miss White sur l'indécence masculine ; il restait ce psychiatre de bonne famille, poli et élégant. Il était juste un peu lugubre pour ceux qui avaient les yeux ouverts.

-Il y a deux sortes d'individus, Miss Snow. On retrouve les dominants, et les soumis. Qu'est ce qu'une relation amoureuse ? L'amour est ce que les fables mundanes vantent en permanence. C'est censé être le but de leurs plus belles fables. Malheureusement, l'amour est une relation dominant-dominé, comme beaucoup d'autres. Non pas que l'amour soit répugnant, car il peut entraîner de belles choses. Mais quand deux individus dominants se retrouvent dans une relation, cela entraîne une dissonance, parce que l'un d'eux devra plier. Mais là n'est pas le problème, et ce n'est pas ce que vous avez besoin d'entendre : En revanche, je peux vous dire qu'il n'y a personne qui soit fait pour une telle relation. Parce qu'il y a beaucoup de présupposés qui l'entourent, et que, quand nous nous rendons compte de ce qu'est vraiment l'amour, on comprend que rien ne nous y préparait. Ce que l'on vit, Miss Snow, nous conditionne ; ce que vous avez vécu, vous a conditionnée.

A ce moment là, pour diminuer la pression qu'il pouvait exercer par des mots si lourds, il repartit s'asseoir, se remettant dans la même position que tout à l'heure, l'invitant à venir faire de même. Il fallait jouer sur les émotions, et sur la pression, pour débloquer certains patients avec un passé douloureux.

-Êtes-vous attirée par Monsieur Wolf ?

La question n'était pas indiscrète ; si, elle l'était, mais étant psychiatre, elle ne l'était pas ; en revanche, elle était trop directe pour qu'il veuille entendre la réponse. Il ne voulait pas entendre la réponse, il voulait qu'elle se pose la question elle-même, raison pour laquelle il n'attendit pas ladite réponse, et passa directement à la suite.

-Depuis combien de temps pensez-vous qu'il soit attiré par vous ?

Le raisonnement de Lucien était clair. Bientôt, le fil de ses questions, et les réponses qu'elles pourraient ou non apporter formeraient un fil très bien construit.

-Pensez-vous que Monsieur Wolf soit indécent par ses mots, ou indécent parce qu'il vous trouve attirante ?

Le fil se déliait lentement.

-Comme je l'ai dis, Miss White, nous sommes conditionnés par nos expériences passées. La vôtre vous a conditionné à établir de manière très pragmatique que les hommes ne vous voient que comme des objets sexuels ; pis, ce conditionnement vous a amené à ne plus vous penser vous-même que comme un objet sexuel.

Si la thérapie de l'Adjointe avait été normale, si elle n'avait été qu'une mundane de plus, il n'aurait jamais été aussi directe : Il y aurait eu plusieurs, peut-être des dizaines de séances de thérapie avant d'en arriver à de telles conclusions. Lucien serait passé par l'explication des pulsions, l'explication de la nature masculine, des présupposés féminins sur les hommes, ou des présupposés masculins sur les femmes. Il aurait expliqué le fonctionnement des phéromones humains, puis ceux d'un loup. Mais là, il n'avait pas le temps. Pas parce qu'il était pressé, mais parce qu'une telle dévalorisation de la part de l'Adjointe au Maire pouvait entraîner des défaillances dans le système administratif de Fabletown.

Elle et le Shérif avait besoin de travailler de concert, et sans même avoir besoin de prendre partie, Lucien devait arriver à réconcilier les deux pour le bien de la ville. Même s'il aurait pu également les tourner l'un contre l'autre pour ses propres intérêts ; c'est une idée qui lui effleura l'esprit, mais il n'avait rien à gagner à cela, puisque ses intérêts n'entraient pas en cause pour l'instant.

Snow avait en quelques phrases prouvé qu'elle ressentait quelque chose pour le Shérif. Ça non plus, ne nécessitait pas de don de voyance pour être compris. Elle avait d'abord évoqué l'indécence de Bigby, avant de dire que de toute façon, personne ne pouvait vouloir d'elle, et ensuite, elle avouait ne pas être fait pour les relations amoureuses. Pour comprendre, il fallait partir de la fin : Elle dit ne pas être faite pour les relations amoureuses, qu'en plus, personne ne peut être amoureux d'elle, et que Bigby veut uniquement assouvir ses pulsions.

Que le Shérif soit motivé uniquement par sa nature d'homme ou non n'était pas la question. Ce qui était important, c'était la vision de Snow. Et sa vision était modelée par son conditionnement. Elle avait déjà été amoureuse par le passé ; fatalement, elle pouvait donc être amoureuse. Mais le conditionnement amenait le refoulement. Notion importante en psychanalyse. Et révélatrice. La violence de Miss Snow envers le Shérif venait de ce refoulement là. Et maintenant, son objectif était de lui faire prendre conscience de cela. Et dire qu'elle vivait très bien sa vie actuelle, seule, était inutile -l'expression la plus pertinente était encore une fois plus concrète en anglais : "pointless"-, puisque visiblement, elle ne le vivait pas bien à proprement parler.

-Oubliez Monsieur Wolf un instant. Pensez uniquement à vous, à ce que vous êtes. Pas physiquement ; oubliez aussi ces choses désagréables et terriblement superficielles. Je parle bien de qui vous êtes. Et pas selon votre conditionnement. Je ne veux pas que vous pensiez à votre Moi comme il l'est actuellement, parce que votre Moi est actuellement conditionné, votre Moi Est dans un contexte. Oubliez ce contexte, pensez à ce que vous êtes, profondément, véritablement.

Ces notions de Moi véritable étaient plus que discutables d'un point de vue philosophique, puisque Nietzsche et les philosophes contemporains avaient aboli à la fois la vision platonicienne et la vision kantienne de l'Être -Lucien passait son temps à lire, quand il ne cuisinait pas-, mais ces préceptes avaient au moins le mérite d'être beaucoup plus clairs pour les patients qui ne se destinaient pas à la philosophie de toute manière.

-Monsieur Wolf n'est pas la source du problème, il en est juste la manifestation tangible. Constatez à quel point ce que vous Êtes maintenant est différent de ce que vous Êtes véritablement. Demandez vous ce à quoi Monsieur Wolf veut avoir accès. Pourquoi fait-il ce qu'il fait ? Pourquoi voudrait-il plus votre physique que vous ? Nous sommes des êtres en puissance , Miss White, ce qui veut dire qu'une infinité de possibilités nous sont offertes sans restriction, mais qu'une seule émergera. Mon travail, c'est de comprendre pourquoi c'est cette possibilité a émergé, plutôt qu'une autre. Pourquoi pensez-vous n'être qu'un objet de désir ? N'y a t-il rien derrière votre poitrine, Miss White ? Vous seule décidez de quel possibilité vous allez saisir.
Dim 17 Aoû - 19:40
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Snow White
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Snow White
L'adjointe avait reprit place, entourant son doigt blessé du mouchoir. Un long moment de silence s'en suivit. Elle avait remarqué que de Lattre l'observait, la scrutait. Il fouillait en elle une réponse à son trouble. Il cherchait dans ses yeux, la porte vers l'âme selon certains. Après réflexions de la part de Tassigny, il débuta son discours. Il parlait de... De relations. C'était une blague ? Plus les mots s'ajoutaient, plus le sujet penchait vers les relations de couple, l'amour, toutes ces bêtises qui n'avaient rien à voir avec son trouble à elle. Encore, elle ne montrait pas d'expressions haineuses par rapport aux dires de son psychiatre.

- Pourquoi parlez-vous de relations, De Lattre ? Vous vous éloignez de ma situation. Évitez de mettre relation avec B-...

Eeeet la question fut posée. L'air de la femme se renfrogna, elle montra les dents et lui jeta un regard dédaigneux. Non, bien sûr que non elle n'était pas attirée par le shérif ! Trop de poils, elle n'était pas zoophile.

-Non, je ne le suis p-...

Son regard était mauvais, foudroyant, noir et tout ce qui se rapprochait de la haine, l'agressivité, l'opposition.


Mon dieu, empêchez-moi de l'égorger.

- Ça m'est égal.

Elle avait répondu sèchement pour les deux questions posées par le psy', irritée, désappointée, en désaccord avec le sujet. Ils étaient sensés parler d'elle, pas de Mr Wolf.

- Je sais qui je suis je-... Mais cessez de-...

Elle se leva, furibond lorsqu'elle agrippait et tirait la cravate de Lucien, le basculant en avant, à quelques centimètres de son visage.

- Comment puis-je oublier Monsieur Wolf si vous revenez toujours sur lui ? Je sais qui je suis, je sais ce que je vaux, je ne suis pas un objet sexuel. Ou alors je n'ai jamais voulu l'être, mais ça je n'y peux rien, allez demander à ces foutus nains pourquoi ils m'ont traité comme tel !

Snow le relâcha, reprenant siège et contenance, calme. Elle se devait d'être calme et disposée à parler. Seulement parler.

- Vous savez pourquoi je me perçois comme "Objet sexuel".

hrp:
Dim 24 Aoû - 7:15
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La violence et la colère n'étaient pas des réactions aléatoires ; mieux encore, ces réactions étaient souhaitables. Si Lucien n'aimait pas voir ce genre de réactions pour le principe, parce qu'elles étaient désobligeantes la plupart du temps, il poussait certain patients à s'exprimer de cette façon. La colère démontrait une forte aise ; on ne montrait sa colère à quelqu'un comme son psychiatre que si on était à l'aise avec lui. Miss Snow aurait simplement claqué la porte si elle n'était pas à l'aise, si elle ne voulait pas continuer. Or, elle s'était rassise.

Reprenons encore dans l'ordre.

Il ne lui avait pas laissé le temps de répondre. C'était voulu, et preuve que cela marchait, elle avait prononcé le mot "nain", ce qui était déjà une avancée remarquable. Il avait enfoncé suffisamment de portes, aujourd'hui ; il allait arrêter de psychanalyser au marteau, et reprendre quelque chose de plus dogmatique, plus basique. Miss White était assez instable émotionnellement pour ne pas en rajouter.

Suffisamment instable pour l'attraper par la cravate, rapprocher leurs visages. Légère odeur de parfum, odeur des chocolats, évidemment, mais surtout l'odeur humaine typiquement féminine. Juste un petit coup de crocs... Un tout petit...

L'Adjointe avait empoigné un tigre par le peau du cou en espérant qu'il ait la même réaction qu'un chat. Mais quand on empoigne un tigre par la peau du cou et qu'on avance sa tête vers sa gueule, il ne se recroqueville pas comme un chat : Il dévore le malotru.

Mais Lucien n'était plus à cela près : S'il devait manger tous les patients qui relâchaient leurs pulsions comme il l'avait souhaité, ç'aurait été la mort de la profession. De Lattre se fit chat pendant un dixième de seconde, et se rassis à son tour, réajustant sa cravate avec élégance, et repassant une jambe par dessus l'autre. Il ne s'était rien passé. Rien d'inattendu.

Maintenant que Snow était passée par l'ascenseur émotionnel, il fallait reprendre pas à pas, tout doucement. Il allait parler peu, lui laisser le temps de répondre, et ne plus faire de longs discours.

Pourtant, les cas de viols étaient les plus difficiles à traiter, toujours. Que ce soit chez les Fables ou les mundanes, c'était généralement le pire. Cela provoquait dégoût de soi, honte d'avoir laissé faire, honte d'être en vie, sentiment d'immoralité profond, rejet de contact avec les autres, et bien d'autres encore. Tout autant de symptômes qui ne se retrouvaient d'habitude qu'à l'unité chez des patients moins graves.

Même Lucien ne pouvait pas guérir cela instantanément. Mais ce qui était intéressant, chez l'Adjointe, c'est qu'elle se contredisait d'une phrase à l'autre. Il fallait exploiter cela comme un avocat à la barre ; trouver les contradictions, réfléchir aux conséquences, exploiter les opportunités. Pour le reste, ce n'était pas grave ; toutes les questions qu'il avait pu poser étaient dans l'esprit de Snow, c'était un fait, et elles ressurgiraient tôt ou tard.

En fait, Lucien n'était pas très différent d'un légiste, c'est vrai. Mais un légiste examinait un corps en décomposition, alors qu'encore une fois, c'est plutôt l'esprit en mauvais état qu'un psychiatre examinait.

-Stop, fit-il en levant la main, d'un mouvement gracile et d'une voix douce, il est inutile de vous percevoir comme un objet sexuel, si vous savez que vous ne l'êtes pas.

Il fit une très courte pause.

-Ces êtres ont fait des choses inadmissibles, abjectes. Voulez-vous continuer d'honorer leur mémoire ?

En fin de compte, il était un peu trop habitué à psychanalyser au marteau. Il ne pouvait pas s'empêcher de faire valser la stabilité du patient ; tantôt une voix douce, tantôt une fausse accusation, qui cache en fait un encouragement.

-Car c'est ce que vous faites, Mademoiselle, en bon français, White. On ne peut pas soi-même se percevoir comme un objet sexuel. En revanche, on peut imaginer la perception des autres. Et c'est selon la perception d'autrui que l'on tente de faire la nôtre. Je ne vous considère pas comme un objet sexuel.

Non, effectivement, comme un objet d'étude, ce qui était à peine mieux. Il leva doucement un doigt pour illustrer : "Cela fait déjà une personne."

-D'où tenez-vous cette idée ingrate ? Des perversions de ces êtres, qui, un jour, ont fait l'innommable. C'est la perception de ces créatures monstrueuses qui se répercute en vous, qui ressort à travers vos lèvres... J'ai peine à imaginer tout ce que vous avez enduré, Mademoiselle White, mais ne prolongez pas le calvaire en accordant du crédit à leur vision de vous.

Encore une petite pause. Ce qu'il fallait éviter, c'était de lui faire croire, par des mots malhabiles, que c'était de sa faute. C'était le pire que l'on puisse dire à une victime d'un viol. L'acte n'était pas sa faute ; Mais elle devait se relever, aussi difficile que celui puisse être. Tant que l'Adjointe se verrait ainsi, elle ferait perdurer la mémoire des nains. Et ça, elle ne le voulait surement pas.

-Et ma réponse est non ; je ne le crois pas.

Réponse à la question, " La seule raison de m'apprécier serait de mettre la main sur mon cul, vous ne croyez pas ?" Lucien détestait la vulgarité, et n'avait, au moment de cette question, pu retenir un rictus dépréciateur qu'au dernier moment. Surtout dans ce contexte là ; pour qu'une otage, puisqu'on pouvait véritablement parler ainsi, séquestrée de cette manière, parle d'elle en ces termes, cela signifiait que l'horreur avait maintenant un visage, pour elle.
Dim 24 Aoû - 15:43
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Snow White
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- Je sais. Je sais.

Elle n'était PAS un objet sexuel, elle le savait. Elle se connaissait, elle avait conscience de sa force, de sa propre image. Non, Snow avait peur de l'image que les autres avaient d'elle, et sa seule façon de combattre était de bloquer toutes possibilités d'entrer en contact avec elle émotionnellement. Ce qui marchait relativement bien vu son métier.

- J'essaie, Monsieur de Lattre, j'essaie de ne me pas me percevoir comme un... Je sais ce que je vaux, mais... Si... Je ne contrôle pas l'image que les gens ont de moi. C'est si dur.

Les trois derniers mots de l'adjointe étaient tremblants, elle se frottait les tempes et se penchait légèrement en avant. Une minute ils parlaient de Bigby et de leur dispute, là ils plongeaient dans le passé de l'adjointe, ce qui la rendait malade, littéralement malade.  

- Monsieur de Lattre, imaginez que vous êtes dans une petite pièce et qu'une foule vous... Vous traite de monstre, chaque minute, chaque heure, chaque jour par semaine, par an. Vous finiriez par y croire, non ? Vous savez de quoi je parle.

Snow avait levé les yeux vers lui, ses yeux bleus qui menaçaient d'échapper quelques larmes, des yeux luisants tâchant de ne démontrer aucune émotion du passé, aucune. Pitié, s'il pouvait cesser de parler des nains. Elle en avait le tournis et ses mains tremblaient.

Incapable d'en dire plus, Snow réfléchissait, yeux clos. Un instant elle se remémorait la scène, l'autre elle remettait en question les paroles du psychiatre, tâchant avec difficulté de replacer les morceaux de puzzle dans son crâne.
Dim 24 Aoû - 21:05
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Lucien avait quelques problèmes avec sa capacité d'empathie ; pour être exact, cette dernière était aussi présente que des lions en Arctique, ou des manchots en Afrique. Quoiqu'il y a surement aussi des manchots en Afrique, mais ce n'est pas les mêmes. Mais ce n'est pas la question. La question est : Peut-être comprendre les émotions qu'éprouvait Snow en ce moment ? Non. Il les comprenait sur le plan médical, sur le plan psychologique ; il comprenait leurs mécanismes, mais n'arrivait pas à les appréhender pour les éprouver à son tour. Pas qu'il ait voulu être triste, mais plutôt tenta t-il d'éprouver de l'empathie (ce qui est aussi un sentiment) : Mais rien ne perça.

La détresse émotionnelle de l'Adjointe était flagrante, et un être normalement constitué l'aurait pris dans ses bras pour tenter de la réconforter : Heureusement, Lucien était son psychiatre, et il était froid émotionnellement, ce qui protégeait Snow doublement, d'autant plus qu'elle n'aurait laissé approcher personne. Peut-être Bigby. Non, c'est une blague.

-Traquez-le ! Il est là ! Les chiens le flairent !

Lucien n'avait-il jamais éprouvé de sentiment ? N'y avait-il pas de honte, lorsque tous le chassaient comme un monstre ? De peur ? Non, rien de tout cela. C'était naturel, pour lui. Des situations normales. Vraiment aucun sentiment ?

-Pourquoi me soignes-tu, Jeanne ?

-Je suis responsable de ton état, alors... Je te requinque, et on est quittes.

Son regard fuyant semble vouloir énoncer une autre vérité, mais malgré sa vue perçante, Lucien ne comprend pas. Non, aucun sentiment.


De Lattre faisait mal son travail. Sa méthode principalement à traquer ses patients, les pousser dans leurs retranchements pour qu'ils avouent leurs fautes, pour qu'ils se livrent entièrement, mais certains étaient déjà au bord du gouffre. Cela semblait être le cas de Miss Snow.

Pour autant, leurs cas n'étaient pas comparables. Certes, on l'avait souvent traité de monstre, pendant longtemps. Mais il n'y avait pas eu de conséquence pour lui. Et c'était différent... parce qu'on traitait Lucien de monstre à cause de ce qu'il avait fait, tandis qu'on le disait à Snow à cause de ce qu'on lui avait fait ; ce qui n'était pas qu'une simple nuance de langue.

En vérité, leurs cas étaient mêmes contraires. Lucien ne se battait pas contre sa réputation.

-Comme je l'ai dis, Miss White, nous sommes des êtres en puissance. Il y a de multiples possibilités, mais une seule restera. Je ne vais pas vous dire que l'avis des autres ne compte pas, car c'est faux, et d'autant plus faux dans un microcosme comme celui de Fabletown. On se défait aussi facilement d'une réputation que de son ombre, c'est vrai. En revanche, Miss White, vous pouvez agir. Vous pouvez retourner cette réputation, la modeler, en faire ce que bon vous semble.

Ca, c'était le vrai domaine de Lucien. La manipulation, il pouvait en parler. Snow pouvait, elle, agir pour reformer l'idée que les gens se faisaient d'elle.

-Si vous savez que vous n'êtes pas un objet sexuel, alors inutile de s’attarder sur ce point. N'en reparlez plus. N'envisagez plus jamais cette idée.

C'était une première étape. Le psychiatre se leva, toujours avec sa grâce aristocratique, ayant remarqué les tremblements de sa patiente, et ouvrit un tiroir, ayant progressé jusque derrière son bureau, devant lequel se trouvait le fauteuil d'où il s'était levé, en face de celui de l'Adjointe au Maire. Il en sortit une boîte dont il tira une seule petite pilule qu'il tendit à la jeune femme. Une faible dose ne ferait que l'apaiser temporairement, et calmerait ses tremblements. C'était un médicament récent, le diazépam, dont il connaissait bien les effets, et dont il gardait toujours un peu sur lui, ou à son cabinet.

-Vous contrôlez votre vie, Miss White. Et vous pouvez aussi contrôler comment les autres vous voient. Si vous me dites que vous savez ce que vous valez, alors vous n'avez pas besoin de moi ; il faut juste que vous affirmiez ce que vous savez déjà aux yeux des autres. Et de réputation, justement, je crois savoir que vous vous affirmez suffisamment.

Ça y est, c'était le clou du spectacle. Il y avait presque un air de Wagner dans l'air.

-Pourtant, nous en sommes là, ce soir. Ce qui veut dire qu'une petite partie de vous a été détruite, et qu'elle croit ce qu'on lui a imposé de force. Cette petite partie de vous, réductrice, insidieuse, ne doit pas être prise à la légère. La source de vos maux est là, Mademoiselle Snow, et je n'ai aucun traitement médical à vous faire subir, aussi lourd puisse t-il être, pour vous guérir de lui. Et c'est tant mieux, car aucun médicament n'est aussi efficace que notre esprit pour nous guérir de tous les maux.

La cavalcade se poursuit, sur le fil des idées que Lucien déploie pour lui faire comprendre la source des problèmes qu'elle pouvait éprouver au quotidien, avec Bigby, avec les autres, avec elle-même.

-Votre solution est là, Miss Snow, la musique, l'intensité s'accentue, alors qu'il est toujours debout le bras tendu devant elle si elle n'a pas encore prit le cachet, et rassis si elle l'a prit auparavant, son air est plus impérial qu'aristocratique, il ne veut pas en finir vite, il veut qu'elle puisse en finir vite, alors non, vous ne savez pas. Vous n'êtes pas persuadée de ne pas l'être, et c'est là toute la tragédie.

Les contrebasses, les caisses, tous les instruments à l'unisson pour le grand final.

Une jeune femme telle que vous, de votre caractère, est faite pour diriger, indubitablement, et vous ne pouvez pas diriger si vous continuez de vous égarer dans des pensées aussi viles à votre égard. Ce n'est pas votre faute. Ce n'est pas, votre faute. Mais ne les laissez pas gagner. Vous n'avez pas besoin de l'isolement pour être forte. Il est facile de paraître fort, quand on est isolé, Miss White, mais ce qui est plus beau encore, c'est de réussir à être fort, même au milieu de tous les autres. Et c'est ce à quoi vous vous destinez, Snow.

Dans la pièce attenante, la secrétaire a allumé la radio, qui diffusait la Chevauchée des Walkyries.

-Ah, voilà un bel opéra, n'est-il pas ?

Il était inutile de préciser que les Walkyries faisaient parti de la tétralogie wagnérienne des "Nibelungen", qui étaient les nains des contes germaniques : ce n'était de toute façon qu'un détail anecdotique, le plus important restant la fable des Walkyries en elle-même.

Si l'Adjointe avait eu l'amabilité de saisir le cachet du Docteur de Lattre -comme de toute façon, il n'aurait pas bougé tant qu'elle ne l'aurait pas fait-, elle serait peut-être assez calmée pour ne pas lui sauter au cou. C'était arrivé une fois, et il espérait qu'il savait encore se servir suffisamment bien de sa rhétorique pour l'empêcher de réitérer l'expérience, au cas où le calmant ne suffirait pas. Cette dose aurait tout juste apaisé ses tremblements, et lui aurait passé l'envie d'en venir aux larmes, mais guère plus. Oui, il espérait vraiment qu'elle ait pu se rendre compte de ce qu'il en était réellement. De la compassion ? N'abusez pas ; pure conscience professionnelle.
Lun 25 Aoû - 5:25
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L'adjointe Maire s'était plus confortable installée sur le siège du bureau. Elle avait croisés les doigts sur ses cuisses, toute l'attention concentrée sur le monologue du psychiatre. Plus il parlait, moins elle comprenait. Dieu qu'il ouvrait la bouche, pour un psychologue. Bon, au moins il ne l'ouvrait pas pour la dévorer, c'était déjà ça. De toutes façons, il était bien rare que monsieur de Lattre parle autant pendant une intervention, c'était une première fois en quelques siècles.

Les yeux océans de la femme étaient fixés sur de Tassigny. À la fin de son discours, Snow put y réfléchir, inspirant lentement, avant d'expirer. Elle était calmée, elle n'avait plus l'envie d'étriper Mister Wolf... Ou était-elle moins grande.

Dans tous les cas, elle aura besoin de sa soirée pour y réfléchir. Mais non. Elle n'avait aucune attirance envers le shérif. Non. Non. Non ! Puis cinq minutes de silence. l'adjointe n'avait plus rien à dire pour aujourd'hui. Son seul désire était maintenant d'aller se reposer, chez elle.

- À vrai dire, je n'ai jamais accroché à l'Opéra.

Puis elle s'était levée, époussetant sa jupe avant de ramasser son sac à main et de se rapprocher de la sortie. Elle se tourna une dernière fois vers monsieur de Lattre.

- Merci Lucien. Passez une bonne soirée et encore une fois, navrée de vous avoir dérangée.

Puis elle quitta, disparaissant dans les entrailles d'un ascenseur.

HRP:
Ven 12 Sep - 6:22
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