voyage dans les rêves ; cherchant toujours à retrouver le pays imaginaire, elle s'aventure, endormie ou réveillée, dans les rêves des gens ; qui sait, peut-être y a-t-il des gens qui rêvent du pays imaginaire ?
Pourtant, quand elle le fait en étant endormie, ça compte pour elle comme si elle n'était pas endormie : elle devra donc, par la suite, se rendormir sans chercher dans les rêves des autres. C'est également pour ça qu'elle a souvent des cernes.

Elle n'aurait jamais dû rentrer. C'est ce qu'elle se disait, pour la centième fois, quand une de ces filles, dans la cour de l'école, lui tirait les cheveux. Pourquoi les personnes ici étaient-elles si différentes du Pays Imaginaire ? Pourquoi ne l'acceptaient-elles pas comme elle était ? Pourquoi étaient-elles si méchantes ? Mais elle restait calme, ne réagissant pas à cette brutalité gratuite. Wendy avait grandi, malgré ce que l'on pouvait dire.

► Hé, Darling, c'est quoi cette vieille noisette que t'as toujours autour de ton cou ? T'es un écureuil ou quoi ?

La jeune fille fit mine de récupérer la noisette. C'est alors que Wendy s'énerva. Personne ne touchait à son baiser ! Personne !

► Ne touche pas ça! C'est à moi !

Les filles rigolèrent. La plus grande, la plus vieille, arracha le collier et fit mine de s'éloigner.

► Viens le chercher !

La colère monta en Wendy. Ce baiser, cette noisette, comme elles disaient, était sa seule preuve matérielle de l'existence du Pays Imaginaire. Elle serra ses poings et donna un grand coup dans le visage de la fille à côté d'elle, celle qui la tenait. Elles parurent surprises, au début, qu'elle réagisse. Et puis elles commencèrent à répliquer. À trois contre une, le combat était réglé d'avance.

Wendy finit par terre, recroquevillée, couverte de bleus et pleurant toutes les larmes de son corps, regrettant d'être aussi faible. La plus vieille, celle qui avait pris son baiser, la regarda un instant, les yeux pleins d'un mépris amer. Elle rigola.

► Je mets ta vieille noisette pourrie là où elle devrait être ! Tu pourras aller la récupérer si tu veux !

Sur ce, elle jeta le collier dans une poubelle à côté. Ravalant sa fierté, Wendy se releva difficilement et alla fouiller dans la poubelle. Les autres filles poussèrent des cris dégoûtés, mais elle, elle s'en fichait: elle avait réussi à retrouver son baiser.

Elle se demandait pourquoi les gens étaient si méchants avec elle. Elle regrettait. Elle n'aurait jamais dû rentrer.